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Le 1er novembre 2011
Appui à la candidature à l’Ordre National du Québec, édition 2012.
Professeur Jean-Marie Tremblay, responsable et animateur
Les Classiques des Sciences sociales, Cégep de Chicoutimi et Université du Québec à Chicoutimi.
Madame, Monsieur,
C’est avec grand plaisir que je vous transmets cette lettre d’appui à la candidature à l’Ordre National du Québec (2012) du professeur Jean-Marie Tremblay, responsable et animateur de la série d’ouvrages connue sous le nom des Classiques des sciences sociales.
Mon appréciation du travail de Monsieur Tremblay repose à la fois sur le triple rôle que j’ai joué à l’Université du Québec à Chicoutimi (UQAC), savoir, celui de doyen des Études de cycles supérieurs et de la recherche (1994-2002), celui de directeur du programme de Doctorat en développement régional (2007-2011) et celui, de professeur au Département des sciences humaines et directeur du Laboratoire d’archéologie depuis mon arrivée à l’UQAC en 1984. Les responsabilités afférentes à ces diverses tâches me permettent d’attester à partir de plusieurs points de vue du travail de pionnier du professeur Tremblay dans l’accomplissement de cette tâche d’animation qui a mené à la création et au développement de la série des Classiques des Sciences sociales.
Rappelons d’abord que cette série consiste en la reproduction sous format virtuel d’œuvres en sciences humaines, soit que les droits d’auteurs sont échus, soit que les auteurs ont formellement accepté que soient ainsi reproduites leurs œuvres. En somme, au moment d’écrire cette lettre, la série compte 4 675 documents de 1 291 auteurs différents (http://classiques.uqac.ca/). La caractéristique fondamentale de cette série est de rendre disponible sous forme virtuelle dans les serveurs de l’UQAC, depuis 2000, des documents sous divers format (PDF, Word, RTF), suite à leur transformation à partir d’une version papier. De cet exercice découle deux conséquences : le travail minutieux de relecture assure la conformité au document original mais, de surcroît, ces documents deviennent en eux-mêmes des outils de recherche puisque les logiciels des formats PDF, Word et RTF permettent de rechercher n’importe quelle chaîne de caractères. En bref, à la fonction connaissance habituelle du document écrit, s’ajoute une fonction recherche, d’autant plus critique aujourd’hui que l’accroissement de la production humaine de documents va de pair avec l’accroissement de la population humaine et parmi elle, notamment, la proportion absolue du nombre de chercheurs. Cette idée de mettre en format électronique des documents est à mettre entièrement au compte du professeur Tremblay et cela à partir de 1993, alors que les ordinateurs personnels avaient à peine une dizaine d’années d’existence. Au-delà de ce rôle de créateur, Monsieur Tremblay s’est assuré, depuis, de réunir une équipe de bénévoles qui, avec lui, assurent la relecture minutieuse des documents numérisés. Voilà donc, ce me semble la contribution fondamentale de monsieur Tremblay.
Cette série de documents n’aurait évidemment pas d’importance si elle n’était largement diffusée, en fait, plus précisément si les dits documents ne faisaient pas régulièrement l’objet d’interpellation par les usagers. Ainsi entre 2003 et 2011 compte-t-on 21 573 909 téléchargements (http://sbisrvntweb.uqac.ca/SC/sommaire.php), soit environ 4 téléchargements à la minute. Par ailleurs, ces téléchargements correspondent à trois clientèles principales : Canda, France et États-Unis (http://www.uqac.ca/awstats/awstats.pl?config=classiques) ; cependant les clientèles nettement moins nombreuses correspondent pratiquement à l’ensemble de tous les autres États de la planète. En bref, une diffusion très large, celle de l’ensemble du continent africain étant particulièrement remarquable compte tenu des difficultés que représente l’installation des moyens électriques et électroniques d’accès à ces documents.
Au-delà de ces statistiques, mes expériences de doyen d’études de cycles supérieurs et de la recherche ainsi que de directeur de programme de doctorat me permettent de témoigner des nombreux témoignages d’étudiants d’ici mais au moins autant d’ailleurs de ce que l’accès virtuel à ces documents constitue une condition critique de réalisation de programmes d’étude, notamment aux cycles supérieurs, cette série contribuant donc directement à former des générations de chercheurs, notamment là où les conditions matérielles rendent difficiles tels objectifs de formation.
Je terminerai cette lettre d’appui par deux réflexions à propos de la série des Classiques. D’abord, on ne mesure pas encore, probablement, de façon précise la contribution au développement durable de la série. Peut-on imaginer avec plus de 4 500 ouvrages combien de tonnes de papier a-t-on économisé ? Par ailleurs, concernant les institutions en jeu, il convient de souligner l’étroite collaboration du CEGEP de Chicoutimi et de l’Université du Québec à Chicoutimi, collaboration sans laquelle la série n’aurait pas eu la diffusion qu’elle connaît actuellement.
En somme, pour sa contribution à l’accessibilité documentaire à la fois au chapitre de la connaissance (contenu des documents) mais aussi au chapitre de la recherche (formats électroniques qui permettent une recherche fine et rapide des textes) mais encore pour sa diffusion planétaire, la série des Classiques en Sciences humaines mérite à son inventeur, animateur et responsable, le Professeur Jean-Marie Tremblay mérite, sans aucun doute, dans mon esprit, d’être cité à l’Ordre National du Québec.
Jean-François Moreau,
Professeur,
Département des sciences humaines
Université du Québec à Chicoutimi.
Moreau Lettre ONQ J.M. Tremblay