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Collection « Les sciences sociales contemporaines »
Une édition électronique réalisée à partir de l'article d'Alain Massot, “CONDORCET : le fondateur des systèmes scolaires modernes.” Communication présentée au 70e Congrès de l'Acfas, Histoire, Université Laval, QUÉBEC, le 16 mai 2002. Département des Fondements et des pratiques en éducation, Faculté des sciences de l’éducation, Université Laval. [Autorisation accordée par l'auteur le 15 février 2006.] Résumé La notoriété de l'oeuvre de Condorcet a beaucoup fluctué depuis son suicide «préventif» dans la geôle de Bourg-Égalité le 7 germinal (27 mars) 1794 [1]. Ignorée pendant presque un siècle, l’œuvre a connu une vogue nouvelle en France à l’occasion de la mise sur pied de l’instruction publique, laïque, mixte et obligatoire en 1881-82. Autre rebond à la fin du XXe siècle avec les rééditions de ses écrits lors du deuxième centenaire de la Révolution. Entre ces deux momentum forts, l'éclipse est presque totale. L’anecdote concernant le lycée de la rue du Havre à Paris illustre bien cette fluctuation: son nom fut gravé, radié, puis inscrit de nouveau sur le frontispice de l’institution. Cette inconstance est encore plus surprenante dans le monde de l'éducation lorsque l'on sait que ce mathématicien-philosophe a jeté les fondements mêmes des systèmes d'enseignement modernes. Un retour aux thèses de Condorcet est nécessaire aujourd’hui, alors que les institutions qu'il considérait nécessaires à l'affranchissement des liens de dépendance implosent sous une crise de la raison: l'idée de la fin de l'instruction publique universelle ne servirait-elle pas à colmater les failles des systèmes scolaires décadents des sociétés modernes? Bref, il faut relire le penseur de l'instruction publique, laïque, gratuite et mixte au moment même où l'universalité de ce principe est remis en cause. Autrement, il faudra envisager la fin de l'égalité des droits et des citoyens dans son principe même, puisque l'instruction publique est pensée comme une condition nécessaire à un progrès vers l'égalité et la liberté. Universalité ou dissolution de l'école? Tel paraît-être le nouveau contexte paradoxal pour relire les écrits sur l'instruction publique du plus grand héritier des Lumières qui a payé de sa vie de s'être engagé par raison et passion dans le grand chambardement de 1789.
[1] Le dénommé Caritat, ci-devant marquis de Condorcet, se trouvait juste après le nom du marquis de Sillery sur la liste du Décret de la Convention nationale du 3 octobre 1993, accusé avec les Girondins (Brissot, Vergnaud, Gensonné, Dupont, Carra), «de conspiration contre l'unité et l'indivisibilité de la république, contre la liberté et la sûreté du peuple français.» (Coutel, C. 1996, p. 278). Ce dénommé Charles Alexis Brulart fut élu aux États Généraux et fut un des premiers membres de la noblesse à rallier le tiers-état. Assimilé aux Girondins, il fut condamné à mort le 9 brumaire de l’an II (30 octobre 1793) et le premier à monter sur l'échafaud. On rapporte qu'il salua le public avant de passer la tête dans la lunette. Ce Brulart avait pour aïeul Nicolas, marquis de Sillery (1544-1624) dont le frère, Noël Brulart de Sillery (1577-1640), commandeur de Malte, ancien ambassadeur de France fonda Sillery en Nouvelle-France (1637). On lui doit aussi la mission des jésuites destinée à l'instruction des sauvagesses (1638). Dans cette coïncidence historique, instruction et révolution sont liées. On connaît la suite également funeste pour Condorcet puisqu'il s'empoisonna dans sa cellule (selon une version contestée) plutôt que d'offrir sa tête à Robespierre.
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