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Collection « Les sciences sociales contemporaines »

Une édition électronique réalisée à partir de l'article de Denise Lemieux, “Des mythes de la mère à la parole des mères.” Un article publié dans la revue sous la direction de Fernand Dumont, Questions de culture, no 9 : “Identités féminines : mémoire et création”, pp. 71-84. Québec : Institut québécois de recherche sur la culture (IQRC), 1986, 199 pp.

[71]

Questions de culture, no 9
“Identités féminines : mémoire et création.”

DES MYTHES DE LA MÈRE
À LA PAROLE DES MÈRES
.”

par
Denise LEMIEUX

Signe des temps, la chronique journalistique n'aborde la maternité qu'avec d'amples détours. La baisse de la fécondité fait la manchette des quotidiens, mais la maternité semble devenue un thème un peu tabou dès qu'on s'écarte des alentours de la naissance. La mère, personnage obligé de nos anciens discours patriotiques, s'est éclipsée et avec elle ses petits. Plus que jamais, les recettes prolifèrent pour renseigner celles qui élèvent malgré tout des enfants, mais on s'intéresse assez peu à ces mutations profondes qui affectent l'expérience de la maternité et du maternage, distinction jadis superflue.

Dans les discours sur l'égalité et même dans les revendications du féminisme qui s'y rapportent explicitement, la maternité demeure un sujet piégé, difficile à cerner. Pourtant, cette dimension du fait féminin ressurgit sous quelque angle qu'on envisage les conditions socio-économiques des femmes. Michelle Zimbalist Rosaldo, constatant le phénomène universel de l'asymétrie dans l'évaluation culturelle des sexes, en repère l'enracinement dans un ensemble de facteurs, où la maternité joue un rôle majeur par le biais de la différenciation qu'elle entraîne entre la vie domestique et la vie publique [1]. Tout en soulignant que l'assignation des rôles domestiques aux femmes n'a pas un lien nécessaire avec leur rôle biologique dans la reproduction, l'auteure s'attache à montrer comment, en diverses sociétés, l'appartenance au groupe domestique et les relations privilégiées avec les enfants contribuent à façonner des modes de comportements spécifiques et excluent les femmes d'activités plus favorables à la hiérarchisation et au prestige.

Qualifiant cette analyse d'ethnocentrique, certains auteurs, dont Rosaldo, ont été amenés à restreindre l'universalité de la dichotomie vie [72] domestique/vie publique, moins marquée ou même inexistante en certaines sociétés. L'avènement de cette séparation demeure pourtant au centre de l'histoire récente non seulement des femmes mais des adultes des deux sexes [2]. Une fois reconnue cette variabilité dans l'espace et dans le temps, faut-il, par crainte de sombrer dans les catégories de nature et les déterminismes auxquels les femmes ont été longtemps renvoyées, passer sous silence les liens étroits de leurs statuts avec leurs rôles maternels ? Cependant ces analyses épousent en quelque sorte le point de vue hiérarchique inhérent à la sphère publique, dont les femmes ont été maintes fois exclues. Les tentatives d'étudier la maternité à partir de l'expérience des femmes apportent des éclairages nouveaux sur un phénomène qui s'avère complexe tant pour les époques où les mères étaient silencieuses, que pour l'ère contemporaine, où ce rôle se modifie avec une ampleur et selon des voies insoupçonnées.

Dans cette perspective, l'Histoire des mères du Moyen Âge à nos jours [3] présente une synthèse magnifiquement illustrée des récents travaux français, auxquels plusieurs ouvrages majeurs sont venus depuis s'ajouter. Davantage articulé autour de la vie des mères modernes, le livre de Sheila Kitzinger confronte celle-ci à la maternité en d'autres types de société, selon les méthodes de l'anthropologie sociale. Si l'approche comparative fait apparaître les coordonnées sociales d'un phénomène jadis confondu avec l'humain ou le naturel, l'auteure, qui n'hésite pas à faire appel à sa propre expérience de mère et de professeure de cours prénataux, reconnaît que sa science n'épuise nullement la complexité des situations vécues au chapitre de la maternité. Aussi replace-t-elle les femmes et leurs interprétations au coeur de son ouvrage intitulé : Women as Mothers. How They See Themselves in Different Cultures [4].

Il faut le souligner, le bilan des connaissances accumulées sur divers aspects de la maternité et de l'« élevage » des enfants comporte davantage de questionnements que de certitudes [5]. Le recul du temps permet de constater non seulement les variations familières aux anthropologues, mais celles des experts et scientifiques de tout acabit, dont les conseils prolifèrent en notre siècle et se contredisent d'une génération à l'autre. Geneviève Delaisi de Parseval et Suzanne Lallemand [6], qui se sont amusées à scruter [73] les livres de puériculture français sur une période de cent ans, y décèlent, au-delà de maintes contradictions, le reflet de la vision du monde propre à la société de chaque époque. L'engouement pour ces ouvrages traduit à la fois le besoin réel d'information et l'incertitude entourant le rôle de parent dans une société en constante mutation. On commence à peine à s'interroger sur ce qu'il advient de la maternité, par-delà les règles de cette « puériculture éclatée », pour les mères qui non seulement choisissent d'en adopter certaines, mais engendrent les enfants auxquels ces règles sont destinées.

Avant d'être objet des discours scientifiques, la diversité même des modèles de maternité renvoie d'abord à la diversité des sociétés et des cultures. Toutes les sociétés sont en effet concernées au plus haut point par ces mères sur qui repose la « production des êtres humains » comme l'analyse Renée B.-Dandurand, même en cette ère postmoderne où diverses institutions ont investi ce champ [7]. Procréatrices des enfants qui assurent la relève de demain, les mères sont aussi des maillons importants de la reproduction culturelle. Danielle Juteau a montré comment l'héritage culturel, façonné au cours de l'histoire par les membres d'un groupe ethnique, se transmet d'abord au sein de la famille. Les normes, modèles et valeurs ainsi acquis par l'enfant au cours de la première socialisation, le sont au sein d'un procès de travail accompli par la mère. Sans en remettre en cause la gratuité, les idéologies ont toujours implicitement reconnu ce rôle, et Danielle Juteau évoque avec humour certains écrits d'autrefois glorifiant celle qui moule en quelque sorte les âmes de ses petits [8]. La réapparition de mythes de la mère à chaque période renvoie à ce phénomène. Aussi évoquerai-je brièvement certaines de ces représentations mythiques dans l'iconographie ou la littérature avant de considérer plus longuement des écrits récents qui témoignent cette fois d'un nouveau discours, constituant une parole des mères.

La maternité comme mythe

À l'aube de notre société, les figures maternelles sont représentées par l'iconographie religieuse. On sait depuis longtemps que la dévotion à Marie fut en vogue dans la colonie et l'on pouvait supposer un lien quelconque entre ces Vierges à l'Enfant, aux images multipliées par la statuaire, et des mères prolifiques sur qui reposait le peuplement. Pourtant, à la lumière des nouvelles données sur la France du XVIIe siècle, ce lien apparaît ambigu, assez éloigné du vague parallélisme ou même du simple reflet. La mère de l'Ancien Régime n'est nullement le décalque des icônes [74] souriantes et débonnaires. Sans nier aux mères de ce temps toute tendresse, il faut constater que les séparations multiples sont approuvées dans une société pratiquant la mise en nourrice et l'apprentissage.

Dans ce contexte, les images religieuses de la maternité remplissent sans doute plusieurs fonctions. Pour ceux et celles qui les propagent, ces cultes semblent par moment recréer un lien précocement rompu où se devine l'une ou l'autre forme des ruptures caractéristiques de l'époque. À côté d'images maternelles protectrices qui vont perdurer dans nos représentations collectives, s'y manifeste plus nettement une fonction pédagogique. Une kyrielle de dévotions, présentées aussi bien aux Amérindiens des missions qu'aux Français de la colonie, reconstitue pour eux le geste sacré de la maternité. Aux reliquaires à la Vierge qui doit enfanter, aux crèches célébrant la Nativité et à la réplique de la maison de Lorette reproduisant la chambrette où Marie habillait son enfant, viennent s'ajouter quelques textes présentant des modèles de comportements envers l'enfant, qu'on recommande de traiter comme si c'était l'enfant Jésus [9].

De ces mères qui enfantaient en moyenne sept fois au cours de leur vie, de ces mères fécondes, on sait bien peu de choses. Quand des auteurs commencent à tisser leur légende, à la fin du XIXe siècle, c'est parce que leurs contemporaines s'écartent déjà un peu du modèle démographique traditionnel. Conscient de ces changements, le peintre et romancier Napoléon Bourassa intitule Nos grand-mères une brochure de 1887, qui esquisse le portrait des héroïnes de la survivance :

Mariées à quatorze et quinze ans, elles ne déterminaient pas d'avance la mesure des devoirs qu'elles auraient à remplir, ni l'heure ni le nombre des couches qu'elles allaient entreprendre [...] Mères après dix mois, elles l'étaient de nouveau, à peu près chaque année, jusqu'à l'âge de quarante-cinq ans. Comptez... je ne mentionne pas les jumeaux... [10]

Un mythe de la mère de famille nombreuse s'élabore au moment où l'industrialisation s'amorce. Avec les premières décennies du XXe siècle, quand le déclin de la fécondité commence à inquiéter l'élite politique et religieuse déjà angoissée par les changements de cette période d'urbanisation rapide, la mère mythique offre à nouveau son visage rassurant [11]. Dans les poèmes et discours qui l'exaltent au milieu des symboles du ber et de la vieille maison, la mère se voit associée à des fins collectives : la survie par le nombre, mais aussi celle de la langue, de la religion et de la culture dont on la fait gardienne. Au même moment, émanant parfois des mêmes groupes qui prennent conscience de la mortalité infantile élevée, un autre [75] discours s'édifie, critiquant les mères réelles, coupables d'ignorer les rudiments de l'hygiène et de ne pas réussir à faire vivre tous ces enfants qu'elles engendrent. À nouveau se côtoient les fonctions sécurisantes d'un mythe de la mère et des fonctions pédagogiques destinées à modeler les pratiques éducatives, selon les enjeux de la conjoncture. La Sainte Vierge ne suffit plus, on veut des mères hygiénistes et reproductrices d'une culture menacée.

Après la Seconde Guerre, au moment où s'accentue la modernisation du Québec, ce mythe de la mère polarise en quelque sorte les valeurs traditionnelles qu'on y avait associées et l'on observe en littérature, une critique virulente de la mère traditionnelle [12]. Le pouvoir exercé dans la famille par la mère canadienne-française est dénoncé comme un matriarcat, personne ne s'étonnant de ce que ce présumé matriarcat soit l'apanage de la seule province qui ait refusé le droit de vote aux femmes jusqu'en 1940. On peut aujourd'hui se demander si ces représentations négatives, qui surgissent chez nous à la même période que le stéréotype de la mom américaine, n'a pas eu ses racines dans les transformations similaires des modes de vie qui balaient le continent américain. La mère n'est plus dénoncée pour sa mauvaise cuisine ou ses remèdes traditionnels, car elle a assimilé les conseils du médecin et suivi des cours d'art culinaire ; après la Seconde Guerre, on lui reproche ses modes d'« élevage » des enfants, une autorité calquée sur la religion, un puritanisme de même source et une tendresse inaltérable. À la lumière des premiers balbutiements de la psychanalyse, qu'on découvre ici avec plusieurs décennies de retard, sa conduite, conforme aux attentes des anciens leaders, est jugée responsable des pires méfaits.

Il est probablement trop tôt pour déceler l'apparition de nouveaux mythes sur la maternité à la période actuelle. Sans doute, notre société en sécrète-t-elle un certain nombre, répondant à ses propres changements mais aussi inspirés des courants de pensées venus d'ailleurs [13]. En comparant du point de vue de l'éthique deux journaux féministes québécois parus à des moments historiques bien différents, soit la Bonne Parole (1913-1958) et les Têtes de pioche (1976-1979), Monique Dumais a décrit deux conceptions de la maternité aux antipodes l'une de l'autre. La première constitue un modèle statique imposé de l'extérieur, idéalisant la maternité au service de la nation et du pouvoir clérical tandis que la seconde, en rupture totale avec la précédente, propose un modèle de choix personnel. Au-delà d'une critique de la maternité ancienne omniprésente dans les textes les plus récents, Monique Dumais y décèle la possibilité d'une remise en valeur de la culture des mères, qui a été négativement définie par la culture mondiale [76] dominante [14]. L'ensemble de textes que nous allons considérer dans cet article témoigne aussi de ces tendances contradictoires.

On peut déjà se demander pourquoi la maternité suscite autant de représentations mythiques. Les sociétés n'y perçoivent-elles pas, obscurément, l'enjeu même de leur survie ? Pour les femmes qui vivent ces maternités, analyser ces mythes et surtout mieux comprendre les conditions sociales de leur expérience constituent autant de préalables à toute tentative pour modeler « le futur de la maternité ». Or ces conditions sociales se sont considérablement transformées au cours du dernier siècle, changements auxquels les progrès de la médecine et de la contraception ont apporté des contributions décisives. D'une condition subie dont les aléas étaient entourés d'un silence opaque, on passe à une situation de choix mais aussi à une perception soudaine de la nature contraignante d'une institution, la maternité comportant coutumes et croyances, règles, préceptes et même des lois réglementant le soin et l'éducation des enfants [15].

Pour la première fois peut-être, un discours riche et divers sur la maternité se constitue ; bien sûr, les femmes n'étaient pas totalement étrangères à ces mythes élaborés en d'autres temps ; et ceux-ci entretenaient avec le réel des rapports curieux, qui n'étaient pas tous illusoires. Il s'agit cette fois de témoignages, écrits un peu en marge et aux frontières du féminisme, s'en inspirant parfois directement. Littéraires, scientifiques, populaires, ces écrits empruntent des formes et des contenus multiples, tour à tour critiques et acrimonieux, tendres et nostalgiques. Ce qui unifie ces discours malgré tout divers, c'est la réintroduction dans ce thème, du point de vue des sujets. Sur cette expérience, les femmes ont toujours réfléchi, mais il est plus récent qu'elles publient leurs mémoires ou leurs analyses, en portent au théâtre la dramaturgie. Sans qu'on puisse vraiment répartir, entre le passé et le présent, des écrits où l'expérience se fait mémoire, les autobiographies nous permettront l'ébauche d'une ethnographie de la maternité au tournant du siècle alors que des ouvrages relevant de la fiction ou de l'essai, bien qu'apparentés aux documents biographiques, laissent entrevoir des mutations récentes.

La maternité à travers la parole des mères

Aux frontières du souvenir individuel et de la tradition orale, les autobiographies constituent fréquemment une mise en forme de la mémoire familiale, prolongeant un rôle reconnu des mères dans la ritualisation de la vie privée. Retrouvant là une source de documentation exceptionnelle sur [77] les changements concernant les femmes au cours de ce siècle, nous en avons entrepris l'analyse dans le cadre d'une recherche qui recourra également aux récits de vie [16]. Bien qu'émanant surtout des générations de femmes plus âgées en relatant des expériences qui nous ramènent à la première partie de ce siècle sinon à la fin du précédent, une large fraction de ces textes constituent déjà en eux-mêmes des réflexions sur les changements socioculturels. En confrontant les analyses personnelles on voit se dessiner des recoupements mais aussi un vécu diversifié. Sous cet éclairage, la maternité, au tournant du siècle dans les familles aux nombreux enfants apparaît d'une singulière complexité.

Dans une documentation qui se rapporte à des milieux divers, on peut s'attendre à d'importantes différences dans le rôle des mères. Bien sûr, les plus riches reçoivent davantage d'aide salariée, et certaines commencent à avoir moins d'enfants, tandis que les plus instruites sont davantage sollicitées par les enseignements d'une époque où s'affirme un culte de la vie domestique [17]. Pourtant, de grandes similitudes semblent exister dans la vie des mères québécoises pour la période qui va de 1880 à 1940, surtout lorsqu'une femme engendre plusieurs enfants et provient elle-même d'une famille assez large. La natalité encore élevée de cette période au Québec a fait l'objet de plusieurs recherches, tant sous ses aspects démographiques qu'idéologiques. On a peu étudié le fonctionnement complexe des familles nombreuses, qui s'accommode mal des théories et des concepts élaborés à partir des familles nucléaires.

* * *

Même si le médecin de plus en plus a remplacé la sage-femme auprès de l'accouchée, celle-ci trouve fréquemment sa mère à son chevet au moment de la naissance. Sa belle-mère, chez qui parfois elle habite, lui prodigue aussi encouragements et conseils. Malgré l'éloignement fréquent dans ces temps de migrations, cette assistance maternelle spontanée se déploie en dehors des campagnes et par-delà les frontières. Comme plusieurs de ses contemporaines transplantées loin de leur lieu d'origine, Florentine Morvan-Maher retourne accoucher chez sa mère à son premier enfant. Même si le médecin fait l'accouchement en présence de son mari, c'est sa mère qui apporte l'élément sécurisant. « J'étais entre bonnes mains avec ma mère et ma belle-sœur Elmire, qui aimait les enfants [18]. » C'est auprès de sa mère dotée de l'expérience de ses neuf enfants qu'Augustine Linteau trouve le réconfort au moment d'une première naissance. Une [78] solidarité mère/fille se nourrit de ces événements : « Il faut enfanter pour savoir ce qu'on a coûté à sa chère maman qui est toujours près de nous en toutes circonstances [19]. »

Après la naissance, une sœur, une cousine, parfois une aide domestique viennent séjourner auprès de la nouvelle mère pour exécuter les travaux quotidiens : « Les gens avaient la chance d'avoir une sœur ou une des plus vieilles pour avoir soin des autres enfants ; les sœurs de maman ou sa mère restaient un mois pour l'aider [20]. » Pour beaucoup de mères, le soin du nouveau-né n'est pas l'unique occupation qui les attend, car des travaux multiples sont requis pour assurer la subsistance de la famille.

La mère est la principale responsable du bien-être du bébé, mais le maternage est fréquemment partagé avec d'autres personnes. Dans les grandes maisonnées, qui par moment abritent plus d'une génération, des liens privilégiés se nouent entre deux personnes.

On se souviendra d'avoir été la préférée de sa grand-mère, de son père ou encore d'avoir pris soin, très jeune, d'un autre enfant [21]. Mais le phénomène déborde la maisonnée. Augustine M. Linteau, qui, jeune institutrice, s'empressait d'aller baigner et bercer l'enfant de sa sœur, reçoit plus tard le même service de ses sœurs [22]. Théodora Dupont donne maints exemples d'une entraide dont, jeune mère, elle bénéficie. Une tante célibataire, habitant la maison voisine, vient chercher le bébé qui pleure. Plus tard, cette femme enseignera les rudiments de la lecture et du catéchisme au jeune garçon, qui lui rend aussi des services et qui dort chez elle à l'occasion [23]. En milieu bourgeois, des domestiques apportent régulièrement une aide que les ruraux obtiennent de leurs proches. Chez eux aussi, des personnes de la parenté s'ajoutent fréquemment au groupe familial et les uns et les autres jouent un rôle complémentaire dans la socialisation de l'enfant. Une institutrice peut être engagée pour faire l'école à domicile, et certains parents recourent à l'employée de leur magasin pour enseigner à leur fillette. Cette aide à domicile fait-elle défaut, le pensionnat prend définitivement en charge les enfants plus âgés pour alléger la tâche d'une mère qui doit se rétablir d'une naissance ou se consacrer aux plus jeunes.

C'est dans les moments de crise suscités par la maladie et la mort que s'affirment avec plus de force le rôle supplétif de la parenté et des institutions religieuses dans l'éducation des enfants. Les récits autobiographiques font état d'une multiplicité de cas témoignant d'un système d'entraide très développé, qui se prolonge en adoptions. Des mères déjà [79] pourvues de nombreux enfants n'hésitent pourtant pas à recueillir elles-mêmes des orphelins, parfois une famille entière, qu'elles aident à passer l'hiver. Laurette Bouchard raconte comment, ayant perdu son mari et ses deux premiers enfants, elle ira secourir une belle-sœur affligée d'un deuil et qui mettra au monde son bébé dans le plus grand dénuement : « Si quelqu'un m'avait suggéré étant veuve, d'adopter un enfant, je l'aurais pris pour un fou ! Mais sans trop m'en rendre compte, cet enfant-là prenait dans mon coeur et dans ma vie la place des deux autres que j'avais perdus. [...] Sans une adoption légale, j'étais devenue dans mon coeur et dans mon corps, sa mère [24]. » Ailleurs, des enfants confiés lors de maladies sont adoptés au grand désespoir de leurs parents tandis que d'autres sont récupérés par ces derniers après des conflits pouvant aller jusqu'au procès.

Les activités de la mère s'exercent donc au sein d'un réseau de relations sociales que la mise au monde et le soin des enfants contribuent à vivifier. Même secourue ou aidée par moment, la mère semble occuper un rôle important tant par le travail énorme qu'elle accomplit que par les liens affectifs qui l'unissent à tous ces enfants. Ses maternités répétées ne contribuent pas peu à son prestige. Aux yeux de tous, elle incarne périodiquement le personnage, idéalisé par l'iconographie, de la mère portant un petit enfant dans ses bras. Son rôle déborde cette facette isolée, par les représentations collectives puisqu'il s'exerce simultanément à l'égard d'enfants de tous les âges, dont certains accèdent à l'âge adulte avant qu'elle ne termine toutes ses grossesses. Jessie Gravel correspond avec ses fils, leur fait part des menus faits entourant l'existence de la dernière petite sœur. Cette dimension de son rôle contraste avec la relation amicale bien qu'empreinte de sollicitude qu'elle manifeste envers les jeunes gens [25]. Plusieurs femmes établissent un rapport privilégié avec leur fille aînée, qui devient leur « bras droit ». L'étalement des âges de la maisonnée crée donc des situations variées et parfois extrêmes. Dans une même demeure, il arrive que mère et belle-fille accouchent à quelques mois d'intervalle, partageant les vêtements et les soins de bambins qui seront comme des frères et sœurs [26].

En présence d'enfants de tous les âges à la maison, la mère apparaît souvent comme une sorte de gestionnaire des activités multiples qui s'y déroulent ou comme une diplomate chargée de prévenir les heurts entre certains d'entre eux ou avec leur père. Évoquant les menus travaux exécutés par les enfants ainsi que les pénitences du carême, dans une famille rurale des années vingt, Augustine M. Linteau écrit : « Ma mère a un peu la performance d'une ex-religieuse après avoir été élevée sévèrement dans une famille où l'on comptait trois religieuses [27]. Ce rôle n'est pas de tout repos. Il fallait obéir à la parole se rappellent certains enfants, évoquant les [80] invectives, les réprimandes ou même les colères de leur mère. D'autres soulignent la douceur de son caractère, sinon sa faiblesse, ce qui laisse entrevoir la diversité des styles que la personnalité ou d'autres facteurs pouvaient introduire.

Plus que le caractère, les nécessités du travail colorent fortement les pratiques de socialisation des enfants. La mère cherche à concilier diverses tâches, comme Théodora Dupont qui l'été lave ses enfants dans le « fournil », là où s'effectuent un certain nombre de tâches liées au soin des animaux. On trouve des trucs pour favoriser l'autonomie, inciter les enfants très jeunes à s'habiller, à lacer leurs chaussures et s'occuper d'eux-mêmes avant de s'occuper des autres, ce qui survient très tôt. Presque toutes valorisent la précocité et sollicitent l'aide des aînés pour exécuter de menus travaux. Une sorte d'éthique du travail se transmet avec les savoirs inhérents à chaque activité. Le soin des malades fait aussi partie de ces tâches, mais il y a fréquemment une grand-mère, une tante qui distribue onguents et remèdes, recourt aux prières et raccommode certaines blessures.

Accaparée par le travail, la mère a en général peu de loisirs. Certaines tricotent à la veillée, pendant les jeux de cartes et les contes. La lecture à haute voix, des chansons, un morceau de piano viennent égayer des journées bien remplies. Pendant la prière, elle n'a pas toujours le temps de se mettre à genoux. Ici, elle se rend rarement à la messe ayant de jeunes enfants à soigner et un repas à préparer. Ailleurs, le père prépare le repas du dimanche pendant que son épouse va à la messe avec les enfants. Partout, un rôle religieux se profile, manifeste dans l'exécution de rituels protecteurs, tels cet Ecce homo placé dans une fenêtre de la cuisine et qui épargnera la maison d'un incendie [28]. Les lettres révèlent également les nombreuses incitations des mères à leurs enfants à faire les Pâques, observer le jeûne, dire quotidiennement le chapelet.

Bien sûr, une telle documentation sera habituellement silencieuse sur les lacunes du maternage dans un tel genre de vie. Quelques ouvrages font état de la difficulté de certaines femmes à exécuter tous leurs travaux, négligeant une partie ou la totalité d'entre eux. En général, les auteures mettront l'accent sur l'ampleur de la tâche, l'ingéniosité et l'énergie déployées pour y faire face, laissant dans l'ombre les failles sans doute présentes dans ce tableau. Discrètement, on fera allusion aux difficultés économiques et financières que suscite l'arrivée d'un nouvel enfant. Si en certains témoignages, la maternité racontée par les femmes peut conduire à de nouveaux mythes, l'écho indirect des maladies et des deuils en souligne le côté tragique. Certaines avouent des périodes de dépression pendant la grossesse ; d'autres mentionneront la peine profonde éprouvée lors des deuils.

Bien que l'analyse laisse de côté les éléments modernes qui s'introduisent ici et là dans ces récits, les autobiographies permettent de reconstituer un milieu de vie où la maternité s'exerce au sein d'un réseau dense de [81] relations sociales, qui subsiste pour les premières décennies du XXe siècle, mais s'estompe par la suite. Comme pour l'étude du trousseau, dont Agnès Fine a retracé les significations en France par la tradition orale [29], plusieurs des pratiques qui s'y rattachent pourraient suggérer l'existence de cultures féminines ou du moins de pratiques qui resserrent les liens mères/filles et contribuent à définir symboliquement le féminin. Certes les femmes s'y rapportent selon un mode spécifique, mais ces univers demeurent étroitement imbriqués dans le reste de la société.

C'est pour des périodes plus anciennes qu'Edward Shorter attribue à des cultures féminines construites autour de la maternité des fonctions défensives pour affronter la souffrance, la dévalorisation et le mépris entourant le corps des femmes [30]. Si nos sources font état du resserrement des liens féminins autour des naissances et des pratiques de maternage, on y trouve peu d'indices d'une exclusion des hommes et encore moins d'une hostilité envers eux, ainsi que le rapporte Shorter. Bien au contraire, l'analyse pourrait s'attarder à l'affection des époux, à maintes collaborations par-delà les divisions du travail selon les sexes propres au milieu rural ou particulières aux urbains des premières étapes de l'industrialisation. Pour être plus véridique et plus complète, notre analyse devrait sans doute superposer au rôle de la mère, celui de l'épouse et réintroduire dans le décor les pères et époux fréquemment évoqués dans les autobiographies. Elle devrait également s'attarder aux expériences subséquentes d'accouchement en milieu hospitalier, dont font état quelques-uns de ces récits.

* * *

Poursuivant plutôt la thématique de la maternité, sous l'angle des interprétations que les femmes s'en donnent, il importe d'en souligner la valorisation qui vient s'exprimer face aux modèles du passé comme à ceux de notre époque. Qu'on parle de soi ou de sa mère, une sorte de réhabilitation émerge du discours autobiographique qui fait appel à la reconnaissance sociale que les discours officiels d'antan accordaient volontiers. Présente dans les récits les plus tournés vers le passé, cette réaffirmation de la valeur sociale de la maternité existe également dans les récits les plus modernes, côtoyant des critiques des conditions sociales de son exercice.

Simone Chartrand, dont les souvenirs personnels s'entremêlent aux analyses sociales et politiques et s'inspirent par moments des écrits de Virginia Woolf ou de Simone de Beauvoir, écrit : « Je pense que mes maternités ont été, globalement, plus que du « maternage », mais des créations dans un sens très large. Ce que j'ai fait de mieux dans ma Vie, ce [82] sont des personnes [31]. » Avec cet ouvrage comme avec celui de Ghislaine Meunier-Tardif, qui trace les portraits successifs de sa grand-mère, de sa mère et de leurs époques respectives pour mieux cerner les enjeux de sa propre vie, la parole des femmes se fait davantage critique dans ses analyses et confronte les expériences personnelles aux mythes et au vécu de chaque époque. Jadis au coeur d'une culture féminine bien qu'étroitement imbriquée dans la culture plus vaste à laquelle les mères apportaient une contribution reconnue, la maternité se transforme, fait l'objet de nouveaux partages ou s'accomplit dans un isolement grandissant. Si les femmes retrouvent par moment une parole poétique pour dire à nouveau la beauté d'un visage d'enfant, l'exaltation de la naissance, la douleur des séparations, le temps des mythes contraignants et monolithiques semble révolu. La contrainte issue de l'institution est maintes fois dénoncée.

L'écart entre les modèles proposés et la réalité est retracé pour le passé dans une fiction de Marcelle Brisson. Maman [32] met en parallèle une enfance vécue en milieu défavorisé auprès d'une mère peu conforme et un certain nombre de textes normatifs sur la mère canadienne-française des années cinquante. Le résultat étrange de ce montage est de mettre en lumière le fait que les mères de milieux très pauvres ne pouvaient adhérer à cet idéal. La narratrice principale en tire une plus grande compréhension de sa mère, dont elle finit par reconnaître, malgré des lacunes personnelles et une passion du jeu, le caractère généreux et un sens de la liberté. Par-delà la critique de la maternité s'opère, dans cette œuvre, la réconciliation [33].

Au théâtre, Môman de Louisette Dussault présente le carcan du rôle de la bonne mère et les tiraillements auxquels il conduit quand celle qui l'assume n'est plus au foyer, mais vit dans un monde en perpétuel mouvement. Toute la scène se déroule dans une gare puis dans l'autobus en marche, au moment où « maman » va conduire ses jumelles à leur père pour le week-end. La collectivité anonyme des passagers de l'autobus en face desquels elle doit jouer son rôle de mère symbolise bien une société où les enfants n'ont plus de place et où l'institution de la maternité s'est transformée en une responsabilité de plus en plus difficile à assumer. On assiste donc à l'expulsion symbolique d'un rôle tandis que l'entourage est convié à réintégrer l'enfant dans ses échanges [34].

C'est sur un tout autre registre que le mythe de la maternité est traité par Andrée Pilon Quiviger dans l'Éden éclaté. Ici une méditation poétique sur l'expérience maternelle débouche sur une réflexion théologique. La religion, les sciences humaines, la médecine, avec leurs modèles de la maternité parfaite, suscitent la peur et la culpabilité. Mais, bien au-delà des [83] images proposées par la collectivité, c'est la nature même de la maternité et ses connivences avec la vie sauvage et le temps qui recréent le mythe du paradis, auquel est confronté la mère quotidiennement [35].

Récuser le mythe et ses culpabilités, consentir à la finitude de l'existence, aux ambiguïtés éducatives, reconnaître l'altérité de l'enfant, promouvoir sa propre identité, tels sont quelques-uns des thèmes qui traversent cet essai. S'y esquisse également une analyse de la condition maternelle, où l'enfant est nommé comme œuvre créatrice, chérie, valorisée par la mère sans être reconnue socialement. « Je suis bénévole au service de l'enfance d'un pays. Et le pays me rend un salaire dérisoire : de quoi payer les chaussures et encore les porterez-vous une saison à peine ». Peu importe qu'on affirme y trouver un salaire non monnayable tant les trésors en sont profonds, on reconnaît ensuite le dilemme de la disponibilité parentale qui trouve ses limites, les autres intérêts des parents et surtout de la mère [36].

Malgré son titre, c'est bien plus qu'une analyse de la situation économique des mères qui fait l'objet de l'essai de Martine Ross, le Prix à payer pour être mère [37]. Étayé de témoignages reçus dans le cadre de l'entretien clinique, mais empruntant le genre de l'essai polémique, cet ouvrage, qui fait davantage état des problèmes de la maternité que de ses plaisirs, veut démystifier la croyance que les problèmes physiques, psychologiques ou autres, rencontrés par les mères dans leurs grossesses, leurs accouchements et leurs maternages, sont exceptionnels donc anormaux. Les normes érigées autour de la maternité contribuent selon l'auteure à faire vivre cette expérience dans la peur et le sentiment de l'échec. La prise de parole sur un tel sujet aidera à faire prendre conscience des difficultés réelles et de toute la diversité des expériences maternelles anéanties sous les moyennes.

*  *  *

Il ne saurait être question de ramener à une signification unique des écrits qui vont d'une certaine nostalgie du passé des mères à son rejet. La condition maternelle évoquée dans chacun d'eux relève de générations historiques diverses, d'idéologies multiples et opposées et remplit des objectifs individuels fort disparates. Comment ne pas voir que cette parole des mères, si variée soit-elle, s'engouffre dans la brèche que les changements multiples creusent dans l'institution de la maternité. Les rejets de l'institution qui s'y manifestent concernent tout autant les contraintes du passé que celles, différentes, du présent.

[84]

Si les données de l'expérience rapportées par la voix du souvenir nous ont permis de construire un portrait de ce que fut la condition des mères au tournant du siècle, portrait un peu théorique et un peu idyllique, auquel une étude plus vaste permettra de restituer ses dynamismes et ses éléments déjà « modernes », le questionnement demeure entier quant aux changements les plus récents de l'expérience des mères, que les ouvrages littéraires et les essais évoqués en second lieu explorent de diverses façons.

On peut se demander si les phénomènes de culture construits autour de la maternité ont une certaine place à l'époque moderne. Selon Sherter, la nouvelle alliance conclue par les femmes dans la famille conjugale au début du siècle aurait mis fin à ces cultures féminines traditionnelles. Nos données suggèrent des interprétations plus nuancées puisque des formes d'entraide dites traditionnelles y subsistent à côté de liens conjugaux qui s'avèrent positifs, tout en se rapportant diversement, au fil des ans, à la tradition ou à la modernité. Sans doute ces univers féminins sont-ils moins visibles à l'époque des partages souhaités du maternage avec les conjoints et de son morcellement entre divers spécialistes. Devenue en principe affaire de choix personnel, la maternité en étant renvoyée à la vie privée semble avoir perdu toute valeur sociale clairement énoncée. Dans ce vide idéologique, la parole des mères constitue elle-même un phénomène culturel moderne auquel on doit s'arrêter.

Loin de nous livrer l'ébauche d'un nouveau mythe, ces textes et réflexions, dans leurs richesses et leurs contradictions, témoignent de la fin d'une époque où le rôle maternel s'imposait aux femmes comme d'emblée. Des changements profonds d'identité accompagnent cet abandon des contraintes d'un rôle, dont témoignent plus d'un récit. Les plus traditionnels de ces textes font état des réalisations personnelles qui viennent montrer que l'auteure n'est plus uniquement mère, si magnifique soit-elle dans sa propre mise en scène de ce rôle.

Dans cette parole des mères qui fait état des changements de modèles, le lien mère/fille est réaffirmé comme lieu d'identité. Critique vis-à-vis des institutions dont elles réclament pourtant le support, elle vient dire à nouveau la valeur de la vie. Cette valeur suffit-elle pour masquer les intérêts divergents qui séparent les âges, les niveaux sociaux et les statuts conjugaux et professionnels de toutes celles qu'on rassemble sous la catégorie de mères ? Certes non mais par-delà les clivages, s'esquissent les signes multiples d'une solidarité de femmes, qui s'apparente au monde féminin des débuts du siècle et avec lesquels il faudra compter. Si la maternité semble aujourd'hui pouvoir être l'objet d'un choix individuel, les conditions de son exercice paraissent loin d'être assurées. Plutôt qu'à un nouveau mythe, ces images de la maternité d'une autre époque, transmises par la parole des mères, nous convient à l'examen des conditions actuelles de son exercice.



[1] Michelle Zimbalist Rosaldo, « Women, Culture and Society : A Theoretical OverView », Woman, Culture and Society, Edited by Michelle Zimbalist Rosaldo and Louise Lamphere, Stanford, California, Stanford University Press, 1974, p. 23 (Traduction libre).

[2] Neil J. Smelser, « Vicissitudes of Work and Love in Anglo-American Society », Themes of Work and Love in Adulthood, Edited by Neil J. Smelser and Erik H. Erikson, Cambridge, Massachusetts, Harvard University Press, 1980, pp. 105-119.

[3] Yvonne Knibiehler et Catherine Fouquet. L'Histoire des mères du Moyen Âge à nos jours. Paris, Éditions Montalba, 1980. 365 p.

[4] Sheila Kitzinger. Women as Mothers. How They See Themselves in Different Cultures. New York, Random House, 1978. 232 p.

[5] Jessie Bernard, The Future of Motherhood, New York/Baltimore, Penguin Books Inc., 1974, pp. 101-105.

[6] Geneviève Delaisi de Parseval et Suzanne Lallemand. L'Art d'accommoder les bébés. Cent ans de recettes françaises de puériculture. Paris, éditions du Seuil, 1980.

[7] Renée B.-Dandurand, « Famille du capitalisme et production des êtres humains », Sociologie et Sociétés, vol. XIII, n° 2 (octobre 1981), pp. 95-111.

[8] Danielle Juteau-Lee, « La production de l'ethnicité ou la part réelle de l'idéel », Sociologie et Sociétés, Enjeux ethniques, numéro réalisé par Danielle Juteau-Lee, vol. XV, n° 2 (octobre 1983), pp. 39-54.

[9] Denise Lemieux. Les Petits Innocents. L'Enfance en Nouvelle-France. Québec, Institut québécois de recherche sur la culture, 1985. 197 p.

[10] Napoléon Bourassa, Nos grands-mères, Montréal, Imprimerie Saint-Joseph, Cadieux et Derome, 1887, pp. 81-82.

[11] Pour une analyse des formulations de ce mythe dans la littérature, voir Denise Lemieux, Une culture de la nostalgie, Montréal, Boréal Express, 1984, les chapitres un et deux.

[12] Sœur Sainte-Marie-Éleuthère. La Mère dans le roman canadien-français. Québec, Les Presses de l'Université Laval, 1964. 214 p. (Coll. Vie des lettres canadiennes).

[13] Voir : Nancy Chodorow and Susan Contratto, « The Fantasy of the Perfect Mother », in Rethinking the Family, Some Feminist Questions, edited by Barrie Thorne with Marilyn Yalom, New York & London, Longman, 1982, pp. 54-71.

[14] Monique Dumais, La Mère dans la société québécoise, Étude éthique d'un modèle à partir de deux journaux féministes : la Bonne Parole (1913-1958) et les Têtes de pioche (1966-1979). Ottawa, 1983, p. 78, (Les documents de l'ICRAF, n° 5).

[15] Jessie Bernard, The Future of Motherhood, New York & Baltimore, Penguin Books Inc., 1974, p. vii.

[16] Ces documents sont analysés de façon plus complète dans une étude que je réalise en collaboration avec Lucie Mercier.

[17] Denise Lemieux, « La socialisation des filles dans la famille », Nadia Fahmy-Eid et Micheline Dumont, Maîtresses de maisons, maîtresses d'école, Femmes, famille et éducation dans l'histoire du Québec, Montréal, Boréal Express, 1983, pp. 237-260.

[18] Florentine Morvan-Maher, Florentine raconte..., Montréal, Les éditions Domino ltée, 1980, p. 167.

[19] Augustine M. Linteau, Douce Mémoire, Québec, 1983, p. 47.

[20] Agnès Larin, D'où viens-tu Agnès, Montréal, Les éditions Bergeron inc, 1980, p. 42.

[21] Florentine Morvan-Maher, op. cit., p. 95 et 84. Un chapitre de l'ouvrage de Marguerite Tremblay s'intitule « Les préférés ». Un beau règne, Montréal, Libre-Expression, 1983.

[22] Augustine M. Linteau, op. cit., p. 31 et 49.

[23] Théodora Dupont, Mes mémoires, La Pocatière, 1980, p. 100 et 113.

[24] Laurette Bouchard, Courtepointe d'une grand-mère, Hull, Les éditions Asticou, 1981, p. 20.

[25] Les Gravel. Correspondance recueillie par Lucienne Gravel. Montréal, Boréal Express, 1979. 329 p.

[26] Théodora Dupont, op. cit., pp. 61-62.

[27] Augustine M. Linteau, op. cit., p.8.

[28] Augustine M. Linteau, op. cit., p. 10.

[29] Agnès Fine, « À propos du trousseau: une culture féminine ? », Une histoire des femmes est-elle possible ?, sous la direction de Michelle Perrot, Paris, éditions Rivages, 1984, pp. 156-188.

[30] Edward Shorter, Le Corps des femmes, Paris, éditions du Seuil, 1984, pp. 267-277.

[31] Simone Monet Chartrand, Ma vie comme rivière. Récit autobiographique, 1919- 1942, Montréal, Les éditions du Remue-ménage, 1981, p. 8.

[32] Marcelle Brisson. Maman. Montréal, Les éditions Parti Pris, 1977. 106 p. (Coll. Délire, n°1).

[33] Ibid., p. 104.

[34] Ibid., p. 31.

[35] Andrée Pilon Quiviger, L'Éden éclaté, Montréal, Leméac, 1981, p. 27, (Coll. À hauteur d'homme).

[36] Ibid., p. 87 et pp. 100-102.

[37] Martine Ross. Le Prix à payer pour être mère. Montréal, Les éditions du Remue-ménage, 1983. 288 p.



Retour au texte de l'auteur: Jean-Marc Fontan, sociologue, UQAM Dernière mise à jour de cette page le mardi 13 mars 2018 8:58
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur associé, Université du Québec à Chicoutimi.
 



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