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Collection « Les sciences sociales contemporaines »
Une édition électronique réalisée à partir de l'article de Marc LE BLANC, “Le cycle de la violence physique : trajectoire sociale et cheminement personnel de la violence individuelle et de groupe”. Un article publié dans la revue Criminologie, vol. 23, no 1, 1990, pp. 41-74. Numéro intitulé: “Nouvelles violences à l'adolescence”. Centre international de criminologie comparée. Montréal: Les Presses de l'Université de Montréal. [Autorisation formelle accordée par l’auteur le 23 mai 2005. Introduction clarification de la notion de violence Le terme de violence réfère, si l'on consulte le Robert, à l'utilisation d'une force brutale contre la volonté d'une personne ; cette définition est acceptée par les philosophes et les spécialistes, des sciences humaines (voir Roy, 1989, et Hébert, 1989). Nous nommerons ce type d'interaction entre un agresseur et sa victime, la violence interpersonnelle. Actuellement, il est à la mode, dans les milieux de J'éducation et des affaires sociales, de même que dans les médias, d'employer le terme de violence pour désigner une réalité beaucoup plus vaste et dont les contours sont plus difficilement délimitables. Un terme d'utilisation aussi générique exige donc quelques clarifications. D'abord, il faut distinguer entre, d'une part, les attitudes, les valeurs et les mentalités violentes et, d'autre part, les comportements violents. L'énumération des premières pourrait être fort longue : racisme, sexisme, marginalisation des déviants, décalage économique, guerre, violence à la télévision, etc ; il s'agit d'autant d'attitudes, de situations et de contextes sociaux qui constituent ou favorisent l'émergence des conduites violentes dans les sociétés contemporaines. Dans cet article, nous nous limiterons aux gestes violents des individus, aux comportements qui impliquent une interaction entre des personnes sur un fond de coercition. Même en se limitant à la violence interpersonnelle, il s'agit d'une réalité fort complexe des points de vue scientifique et social. D'un point de vue scientifique ces conduites ont l'avantage d'être facilement mesurables parce que spécifiques et, d'un point de vue social, elles constituent un phénomène visible, circonscrit et inquiétant et elles exigent une action énergique de protection de la société et d'aide aux auteurs et aux victimes. La définition des comportements violents ne saurait être complète sans tenir compte de la nature des gestes de violence, aussi convient-il de distinguer au moins cinq sortes d'utilisations de la force dans le cadre des relations interpersonnelles : les agressions symboliques (faire des mimiques, claquer une porte), les agressions verbales (crier, répliquer), les agressions psychologiques (menacer, intimider), les agressions physiques (attaquer, se bagarrer, faire des attouchements sexuels) et les agressions matérielles, la destruction des biens d'autrui (vandaliser la propriété privée ou publique). C'est principalement à la violence interpersonnelle de nature physique que nous nous arrêterons dans ce texte parce que la considération de ces cinq modes d'expression de la violence interpersonnelle nous entraînerait dans des domaines de la connaissance trop diversifiés et d'inégales valeurs. Par ailleurs, il n'est pas rare que l'on utilise les termes violence et délinquance comme synonymes. Alors, la délinquance acquisitive, les vols de toutes sortes et les commerces illicites (trafic de drogues, prostitution), n'impliquant pas directement l'utilisation d'une menace ou d'une force brutale à l'égard d'une personne, sont rendus équivalents à toutes les formes de violence interpersonnelle que nous venons d'énumérer. Les modes de passage à l'acte étant fort différents entre les délinquances acquisitives et interpersonnelles, et ce au cours de l'adolescence et de la jeunesse (voir Fréchette et Le Blanc, 1987, et Le Blanc et Fréchette, 1989), il y a donc lieu de les traiter séparément. Les différences résident principalement dans l'impulsivité du geste, l'emploi d'instruments et le caractère plus restreint du nombre de complices lorsqu'il s'agit de violence interpersonnelle. En nous limitant à la violence interpersonnelle de nature physique, nous diminuons la confusion qu'entretient l'utilisation du terme générique de violence et nous nous adressons à un phénomène social qui accapare, avec raison, l'attention des citoyens et des professionnels. Plus particulièrement, nous nous concentrerons sur deux questions fondamentales mais disparates à première vue : Quelle est la trajectoire sociale de la violence physique au cours des dernières décennies au Québec : augmente-t-elle et/ou change-t-elle de forme ? Quel est le cheminement de l'individu qui utilise la violence physique : comment arrive-t-il à ce type de conduite ? Quels sont les indices qui permettent de prédire le comportement violent au cours de l'âge adulte ?
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