Recherche-action. Deuxième dossier

Quatrième de couverture

« Vous êtes passés de l'austérité à la prospérité. Nous, nous suivons le chemin inverse, cent fois plus difficile. D'écrasantes dettes s'accumulent Nous les aurons sur le dos après votre retraite qui semble être votre seul objectif d'avenir. Un conflit de générations sans précédent se prépare... Nous avons le goût de relever de gros défis. Mais dans quel bordel de société! »

Après Le drame spirituel des adolescents, l'équipe réunie autour de Jacques Grand'Maison poursuit sa vaste enquête sur la société québécoise actuelle. Dans ce deuxième dossier, elle laisse la parole aux jeunes adultes de 20 à 35 ans. Leurs témoignages ne sont pas moins bouleversants que ceux de leurs contemporains plus jeunes. Ils expriment certes une quête d'espérance, de sagesse, de réalisme, mais sur un fond de désarroi intérieur. Les projets souvent déçus comme les défis et les fuites inévitables esquissent un troublant tableau du nouveau conflit de générations qui nous attend.

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Les jeunes. On leur dit qu'il n'y a pas de place au soleil et qu'il faut prendre la file d'attente pour marcher à l'ombre ; on leur chante que c'est le plus bel âge de la vie et en même temps on leur signifie qu'ils n'ont pas le monopole de la jeunesse. Pas facile d'avoir vingt ans à la fin du XXe siècle.

Ils rêvent liberté, aventure, indépendance, ils cherchent les causes justes, les raisons d'espérer et, à l'entrée de la vie adulte, ils ne rencontrent que barrages, pièges, terrains minés, parcours d'obstacles camouflés. Comment y échapper? Survivre ou planer.

L'épreuve remonte à l'Antiquité où l'on sacrifiait des jeunes gens au Minotaure. Elle s'est perpétuée sous d'autres formes comme l'envoi en première ligne pour les guerres des vétérans et l'incitation à des conduites à haut risque.

L'histoire de la société occidentale est celle de l'embrigadement de sa jeunesse. Aujourd'hui, les intéressés ont-ils trouvé la parade à ce piège historique?

L'originalité de l'enquête à travers le temps et l'espace est de révéler le point de rupture et de non-retour dans les rapports de générations - fracture qui embarrasse aussi bien les vieilles démocraties que les balbutiantes, les plus rusées que les plus novices - et de remettre en question non seulement le discours officiel sur la jeunesse, mais encore de donner la parole aux jeunes d'aujourd'hui en les laissant faire la critique des instruments mêmes de l'investigation.

Les nouveaux adultes qui font l'expérience de la liberté comme les parents qui sont encore proches de leurs grands enfants, ceux qui souffrent de mal communiquer avec eux, ceux qui les écoutent, ceux qui ne les comprennent pas, trouveront ici un terrain de rencontre ouvert à tous.

André COUTIN
La raison des jeunes,
Laffont, 1991