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Collection « Les sciences sociales contemporaines »
Une édition électronique réalisée à partir de l'article de Jules Duchastel, sociologue, “ Note critique sur Un parti pris politique et Marxisme et pays socialistes de Jean-Marc Piotte ”. Un article publié dans la revue Les cahiers du socialisme, Montréal, no 5, printemps 1980, (pp. 98 à 105). Une édition numérique réalisée par Marcelle Bergeron, bénévole. [Autorisation accordée par l'auteur le 5 janvier 2005 de diffuser toutes ses publications.] Introduction Itinéraire et aboutissement bien que temporaire de la pensée mouvante d'un intellectuel de gauche, tels se caractérisent l'un et l'autre des derniers livres de Jean-Marc Piotte. L'ordre chronologique de leur parution inverse l'ordre logique qui les unit entre eux. Marxisme et pays socialistes, publié au printemps dernier, représente une tentative de faire le point sur les expériences «socialistes» à la lumière même d'une analyse de certaines conceptions que l'on retrouve chez les successeurs de Marx (Lénine, Trotsky, Staline et les autres). Ce livre ouvre au débat, pose des questions éludées le plus souvent par la tradition marxiste et pose la question de l'avenir du socialisme. Un parti pris politique, distribué en librairie à la fin de l'automne, retrace le cheminement intellectuel et politique de son auteur depuis la fin de l'ère duplessiste jusqu'à l'époque présente où se pose avec urgence la nécessité de faire le bilan. Deux qualités caractérisent ces livres au niveau le plus général. C'est d'abord l'honnêteté ou le courage qui les inspire. Dans Un parti pris politique, Piotte prend le risque de soumettre à notre lunette contemporaine des textes politiques de conjoncture au risque de les voir ébranler par la meilleure connaissance que nous avons de l'histoire qui les a vus naître. De plus, il n'a pas cédé à la tentation de retirer de cette rétrospective des textes qui jurent avec les autres, d'abord parce qu'ils les contredisent, ensuite parce qu'ils sont, à l'encontre de son style habituel, dogmatiques. Je pense à deux articles publiés dans Chroniques sur le thème de la contradiction principale au Canada. Ces constatations me font me demander ce qui peut inspirer Claude Lagadec (1) qui déclare que le livre est marqué de la redondance qui caractériserait tout discours marxiste et qui l'associe histoire de le stigmatiser au discours dogmatique de La Forge. Il y a dans cette association un anachronisme difficilement acceptable. D'abord, un grand nombre de textes précèdent de loin la naissance d'un discours dogmatique marxiste au Québec et témoignent, au contraire, de la lente et difficile élaboration d'une pensée marxiste appliquée à la réalité du Québec. Ensuite, on ne peut trouver dans tout le livre que les deux articles que je mentionnais plus haut qui puissent être associés à un discours dogmatique (2). Dans Marxisme et pays socialistes, cette honnêteté se manifeste dans cette remise en question de certaines évidences de l'analyse marxiste laborieusement acquises par l'auteur et par une première analyse critique de la réalisation de ces évidences dans les pays socialistes. Tout en prenant à parti une «nouvelle philosophie» démobilisatrice, Piotte n'esquivera aucune des questions pertinentes qu'ils ont posées à la théorie révolutionnaire marxiste et aux sociétés qui prétendent avoir instauré le socialisme. L'autre qualité de ces livres est le constant souci de l'auteur de s'en reporter à l'action politique. Dans Marxisme et pays socialiste, cette conviction est davantage théorique et générale. Elle s'exprime dans ses postulats d'analyse lorsqu'il pose que «tout phénomène social doit être compris dans son historicité, dans ses contradictions» et que «celles-ci sont structurées par la lutte des classes». Elle s'exprime aussi dans sa conclusion, où il suggère que les forces révolutionnaires ne doivent pas tant viser le pouvoir d'État, mais «lutter pour exercer un contrôle sur la bureaucratie, viser à dominer, de l'extérieur, les appareils bureaucratiques, lutte permanente qui peut sans doute nous rapprocher du communisme, sans que nous le réalisions jamais, le communisme ne devenant qu'une idée-limite qui oriente le sens des luttes des opprimés» (3). Ce questionnement sur l'action demeuré très général en raison du caractère global de cet essai, devient au contraire la marque du plus grand nombre d'articles réunis dans Un parti pris politique»: que faut-il penser du F.L.Q.? Comment comprendre le milieu rural? Quelle doit être notre stratégie révolutionnaire? Comment se situer par rapport au RIN, au MSA, ou au PQ? Comment s'organiser: le parti, le syndicalisme? Il est rare que Piotte écrive en marge des tâches immédiates de ceux qui entretiennent «l'espoir révolutionnaire».
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