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Avant-propos
Pour la suite des mots
par Lucille Beaudry, UQÀM
Robert Comeau, UQÀM
et Guy Lachapelle, Université Concordia
En mai 1997, la Société québécoise de science politique et l'Association québécoise d'histoire politique proposaient, dans le cadre du Congrès de l'ACFAS tenu à l'Université du Québec à Trois-Rivières, un colloque consacré à Gérald Godin. Des travaux de ce colloque intitulé « Gérald Godin, poète, journaliste et homme politique » nous est venue l'idée de réaliser un livre susceptible de favoriser une meilleure compréhension de ce personnage exceptionnel que fut Gérald Godin. Si plusieurs contributions à cet événement inspirent ces pages, l'ouvrage ne constitue pas comme tel les Actes du colloque stricto sensu. Par ces textes, nous avons voulu souligner ou signifier ce qui est exceptionnel et particulier à Gérald Godin : à savoir d'avoir été « le poète en politique » dans une conjoncture marquée au coin de la modernisation / rationalisation de la société québécoise. Aucune des parties de cet ouvrage n'a pu en effet dissocier le poète du journaliste et de l'homme politique. Celui qui fut journaliste puis député et ministre n'a jamais cessé d'être poète. Sous cet angle, il est et a été à ce point prolifique que, au terme de nos lectures, il nous semble que nous ne disposons toujours que d'une esquisse du personnage.
L'ouvrage comporte néanmoins, malgré le côté arbitraire et imparfait de ces divisions, trois volets. Le premier s'attache à sa poésie, bien que nous sachions qu'il a pratiqué bien d'autres formes d'écriture, notamment le roman, la scénarisation, le récit, la nouvelle. [8] D'ailleurs, le lecteur trouvera réunis en appendice les textes des chansons qu'il a écrits seul ou en collaboration.
Le deuxième concerne sa contribution au journalisme dont il a fait profession sous plusieurs rubriques et dans diverses publications. Cet aspect important de sa vie active ou professionnelle est surtout abordé ici par son expérience à Québec-Presse (1969-1974) en raison du caractère inédit au Québec de cette forme de journalisme et de la place majeure qu'il y a occupée.
Le troisième, consacré à l'homme politique, s'attarde en particulier sur son apport notoire d'ouverture de la politique québécoise à l'égard des communautés culturelles autres que celle de langue française ; ouverture d'où émane sa conception d'un Québec nouveau : une nation qu'il a voulue à l'aune de l'altérité.
Par-delà ces points majeurs qui ont ponctué sa vie active, nous sommes conscients que seule une étude exhaustive de ses œuvres pourrait rendre justice au pouvoir de ses mots. Par exemple, il nous est apparu en cours de route qu'il serait approprié qu'une étude tienne compte de ses réalisations ailleurs et de son évolution politique depuis Parti pris jusqu'à son mandat ministériel qui épouse en quelque sorte la trajectoire du nationalisme québécois, allant de l’ethnicisme (québécitude) au pluralisme.
Il ne s'agit pas de l'histoire politique du Québec, tout au plus des fragments de l'histoire récente tributaires de l'œuvre de Godin. Comme il y a place pour une analyse littéraire des oeuvres, c'est la poésie qui nous semblait le mieux signifier ce qui l'a accompagné toute sa vie. Enfin, si le journalisme de combat à Québec-Presse nous est apparu comme le plus significatif de la mouvance sociale de cette période, ses autres contributions journalistiques ne manqueraient sûrement pas d'alimenter l'histoire sociale et culturelle de ces années d'affirmation nationale.
Malgré ces lacunes, nous voulons, par ce recueil, contribuer en quelque sorte à ce que les mots du poète jaillissent à nouveau.
Lucille BEAUDRY, Université du Québec à Montréal
Robert COMEAU, Université du Québec à Montréal
Guy LACHAPELLE, Université Concordia
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