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LES NATIONALISMES QUÉBÉCOIS
FACE À LA DIVERSITÉ ETHNOCULTURELLE.
Actes du colloque annuel de la Chaire de recherche
en immigration, ethnicité et citoyenneté
Mot des directeurs de la publication
Cet ouvrage de la Chaire de recherche en immigration, ethnicité et citoyenneté de l'UQAM présente les actes du colloque Les nationalismes québécois face à la diversité ethnoculturelle qui s'est tenu à Montréal, les 15, 16 et 17 mai 2013.
Il est important pour les options indépendantistes et nationalistes de clarifier leurs positions envers l'immigration et l'aménagement politique de la diversité ethnoculturelle. Dans plusieurs démocraties occidentales, le thème de l'identité nationale est devenu un sujet controversé et met en présence des conceptions différentes de la nation. En réponse aux enjeux politiques soulevés par la diversité ethnoculturelle, un courant nationaliste conservateur, voire xénophobe, s'affiche de plus en plus sur la scène internationale. Le Québec n'est pas à l'abri de cette nouvelle tendance.
La question nationale demeure non résolue au Québec, puisque l'option souverainiste semble incertaine dans l'immédiat, bien qu'elle soit fortement revendiquée, et que l'option fédéraliste n'apporte pas de réponses satisfaisantes pour une large proportion de citoyens et de forces politiques. Or, l'option nationaliste fait face à de nombreux défis, certains relevant de la conjoncture politique et économique internationale, et d'autres de la reconfiguration du paysage politique et démographique au Québec. Plusieurs de ces défis concernent la pensée nationaliste/souverainiste face à la [ix] diversité ethnoculturelle. Entendons par là l'immigration et le fait minoritaire au Québec dont il faut rappeler l'hétérogénéité intra et intercommunautaire. En effet, si la diversité ethnoculturelle a toujours été constitutive de la société québécoise, l'immigration contemporaine suscite aujourd'hui de nouvelles interrogations concernant les modalités de son incorporation économique, politique et culturelle à la nation québécoise, ces enjeux concernant d'ailleurs l'ensemble du peuple québécois. Dans ce nouveau contexte, et à l'instar de ce qui se passe dans plusieurs démocraties occidentales, le thème de l'identité nationale est redevenu un sujet délicat et un objet de controverse. Et c'est la façon même dont les nationalismes se pensent et définissent l'identité nationale, ainsi que leurs frontières avec l'altérité qui est en pleine transformation.
Partant de cette problématique, le but de ce colloque était d'examiner comment les divers courants nationalistes concilient l'intérêt national avec l'ouverture à la diversité ethnoculturelle, les fondements de cette conciliation, ainsi que ses conséquences sur la définition de la citoyenneté et de l'espace public. Nous voulions aborder ces questions par le biais de ce qui fait la spécificité de la Chaire : l'étude et la prise en compte de l'ethnicité et de la citoyenneté. Dans ce cadre, la diversité ethnoculturelle minoritaire sur le territoire du Québec suscite plusieurs questions. Quel statut a-t-elle dans la pensée des nationalismes ? Comment ce statut s'inscrirait-t-il dans les projets de constitution, de république et de citoyenneté québécoises ? Quelles orientations émanent des perspectives nationalistes sur l'aménagement de la diversité ethnoculturelle, la question des droits et la lutte contre les discriminations ? Quelles positions originales émanent des minorités ethnoculturelles elles-mêmes au sein de la mouvance souverainiste en particulier ?
Ces questions renvoient à plusieurs thèmes qui interpellent les chercheurs universitaires, dont, par exemple, les figures et les transformations historiques du nationalisme québécois (ethnique et culturel ; civique et républicain) et la question de la citoyenneté ; les perceptions (d'ailleurs diversifiées) des minorités ethnoculturelles face à la question [x] nationale ; et enfin la résurgence du nationalisme conservateur et l'affirmation d'une droite nationaliste.
Les textes que nous présentons dans cet ouvrage de recherche de la CRIEC ont été retravaillés par leurs auteurs après le colloque, et peuvent différer légèrement des communications initiales dont on trouvera les résumés et la transcription intégrale dans le programme du colloque et sur le site internet de la Chaire, www.criec.uqam.ca.
L'organisation de ce colloque a bénéficié du travail professionnel de notre coordonnateur, Victor Alexandre Reyes Bruneau, assisté de Mélanie Beauregard. Ils ont aussi joué tous les deux un rôle important dans l'édition de ces actes. Nous remercions également Catherine Brown et Jawad Amerzouk pour leur précieux support lors de l'événement.
La tenue de ce colloque n'aurait pas été possible sans la contribution financière des partenaires suivants que nous remercions chaleureusement : le Conseil de recherches en sciences humaines (CRSH), l'Association internationale des études québécoises (AIEQ), la Faculté des sciences humaines, le Département de sociologie, le Département d'éducation et pédagogie et l'Institut d'études internationales de Montréal (IEIM) à l'UQAM.
Micheline Labelle
Professeure titulaire
Chaire de recherche en immigration, ethnicité et citoyenneté, UQAM
Rachad Antonius
Directeur adjoint,
Chaire de recherche en immigration, ethnicité et citoyenneté, UQAM
Pierre Toussaint
Membre du comité scientifique, Chaire de recherche en immigration, ethnicité et citoyenneté, UQAM
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