Claude Alphandéry, L'Amérique est-elle trop riche ? Paris: Calmann-Lévy, Éditeur, 1960, 177 pp. Collection: Questions d'actualité

Claude Alphandéry, L'Amérique est-elle trop riche ? (1960)
Avant-propos de l'auteur

Une édition électronique réalisée à partir du livre de Claude Alphandéry, L'Amérique est-elle trop riche ? Paris: Calmann-Lévy, Éditeur, 1960, 177 pp. Collection: Questions d'actualité. [Avec l'autorisation de l'auteur accordée le 2 avril 2006 par l'intermédiaire de M. Robert Fossaert, ami et complice de longue date de l'auteur.]

Avant-propos de l'auteur

ARRIVÉ aux États-Unis, avec des préjugés assez répandus en Europe, je me suis efforcé cependant de garder l'esprit libre et d'utiliser au mieux une propension, parfois dangereuse, à accepter une réalité pour la mieux comprendre. Très rapidement, la chaleur des contacts et même des amitiés que j'ai pu nouer m'a fait faire un pas de plus ; je me suis mis à aimer l'Amérique ; elle n'était plus pour moi ce monde sans culture et sans finesse que je redoutais.

Mes contacts étaient divers ; je m'efforçais de ne me limiter ni à un milieu donné ni à un seul ordre de questions ; il en résultait une abondance d'observateurs et des réflexions. Sur le moment, je n'essayais pas de les classer. je me bornais à réfléchir au jour le jour, à prendre des notes après de passionnantes conversations.

Utiliser aujourd'hui tout ce matériel m'entraînerait à un travail beaucoup trop imposant et dont je n'ai pas les moyens ni le temps.

J'ai donc cherché à concentrer ma réflexion sur les problèmes de la consommation de masse :

- parce qu'elle me paraît caractéristique de la société américaine, qu'elle est au cœur d'une série de questions économiques et qu'elle explique bien des attitudes, des réactions du peuple américain ;

- parce que dans ce domaine l'évolution des pays industrialisés, notamment de la France, depuis quelques années, se fait dans le même sens que celle des États-Unis et que beaucoup proposent à notre pays les solutions américaines comme une panacée, sans se soucier des contradictions et des tensions que provoquent ces solutions ;

- parce que ces problèmes me paraissent prendre au dépourvu la pensée politique française et notamment celle des hommes de gauche alors que ceux-ci devraient, par vocation, s'intéresser a un phénomène dont dépend l'amélioration du sort des hommes.

On voudra bien prendre cet essai pour une étude très partielle, centrée sur un problème limite, mais cependant fondamental.