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Collection « Les sciences sociales contemporaines »

Immanuel Wallerstein (1930- )
sociologue américain



M. Wallerstein a été président de l'Association internationale de sociologie (AIS) en 1995, directeur d'études associé à l'École des Hautes études en sciences sociales de Paris, professeur invité de sociologie à l'Université du Québec à Montréal.

Directeur du Centre Fernand-Braudel, Binghamton
et chercheur associé à l’université Yale aux États-Unis

Courriel du professeur: [email protected]

Formation et carrière universitaire

Né à New York, Wallerstein fait ses études à l'université de Columbia, à New York, où il obtient une licence en 1951, une maîtrise en 1954 et un doctorat en philosophie en 1959. Il travaille ensuite comme maître de conférences jusqu'en 1971, date à laquelle il devient professeur de sociologie à l'université McGill. À partir de 1976, il travailla comme professeur de sociologie à l’université de Binghamton (SUNY), jusqu’à sa retraite en 1999. Il travailla en outre comme directeur du centre Fernand Braudel pour l’Étude de l’Économie, des Systèmes Historiques et des Civilisations. Wallerstein occupa plusieurs postes de professeur honoraire d’université dans plusieurs pays et reçut de nombreuses récompenses et occupa par intermittence le poste de Directeur d'études associé à l’École des Hautes Etudes en Sciences Sociales de Paris. Il fut également le président de l’Association Internationale de Sociologie entre 1994 et 1998.

Théories

Wallerstein débuta sa carrière en tant qu’expert des affaires postcoloniales africaines, la vaste majorité de ses travaux étant entièrement dédiée à ce sujet jusqu’au début des années 70, lorsqu’il commença à se distinguer comme historien et théoricien de l’économie mondiale capitaliste au niveau macroscopique. Sa très précoce critique du capitalisme mondial et son support des « mouvements anti-systémiques » firent de lui, au même titre que Noam Chomsky et Pierre Bourdieu, l’éminence grise du mouvement d’antimondialisation.

Sa contribution la plus importante, The "Modern World-System", parut en trois volumes, respectivement en 1974, 1980 et 1989. Wallerstein s’inspire de trois principaux courants intellectuels :

Karl Marx, dont il défend l’emphase des facteurs économiques sous-jacents et leur importance sur les facteurs idéologiques dans les politiques mondiales.

Fernand Braudel, l’historien français qui avait décrit le développement des grands réseaux d’échanges économiques des grands empires de l’antiquité, ainsi que leurs implications politiques.

Et (probablement) son expérience et ses impressions tirées de ses propres travaux sur l’Afrique postcoloniale ainsi que les différentes théories concernant les « pays en voie de développement »

L’un des aspects de ses travaux pour lequel Wallerstein mérite d’être reconnu est d’avoir anticipé l’aggravation du conflit nord-sud en pleine période de guerre froide. Wallerstein rejeta complètement la notion de « Tiers-Monde » et affirmait qu’il n’existait qu’un seul monde connecté par un réseau complexe de relations d’échanges économiques. C'est-à-dire une « économie-monde» ou «système-monde» dans lequel la dichotomie du capital et du travail ainsi que l’accumulation du capital par des agents en concurrence (qui historiquement comprenait les nations-états et non pas limité aux nations-états) résulte par des frictions.

Wallerstein situe l’origine du « système-monde » moderne dans l’Europe du nord-ouest du XVIe siècle. Ce qui était initialement une simple avance sur l’accumulation du capital en Grande-Bretagne et en France, dû à des circonstances politiques spécifiques à la fin de la période féodale, déclencha un processus d’expansion graduelle qui aboutit à un unique réseau mondial (ou système d’échange économique) qui existe encore aujourd’hui. Un développement important se déroula pendant l’ère de l’impérialisme, qui mit virtuellement le monde entier en contact avec l’économie capitaliste européen.

Le « système-monde » capitaliste est loin d’être homogène, que ce soit culturellement, politiquement ou économiquement parlant. Il est en effet caractérisé par des différences fondamentales dans le développement civilisationnel et par l’accumulation de pouvoir politique et de capital. À l’inverse des théories en faveur de la mondialisation et du capitalisme, Wallerstein ne conçoit pas ces différences comme de simples résidus ou irrégularités qui peuvent et seront effacées à mesure que le système évoluera de façon globale. Bien plus encore, selon lui, la division actuelle du monde en noyau, semi-périphérie et périphérie est en fait une caractéristique propre du système-mondial. Les régions qui sont demeurées à l’écart du « système-monde » y adhèrent en tant que périphérie. Il y a une division du travail fondamentale et institutionnelle entre le cœur et la périphérie : tandis que le cœur a un niveau de développement technique de haut niveau et des produits manufacturés de haute complexité, le rôle de la périphérie est d’apporter les matières premières, les produits agricoles et de la main-d’œuvre bon marché pour les acteurs en croissance du noyau. L’échange économique entre le cœur et la périphérie est inégal : la périphérie est obligée de vendre ses produits à bas prix mais doit acheter les produits du noyau au prix fort. Cette inégalité, une fois établie, tend à se stabiliser en raison de contraintes quasi-déterministes. Les situations du noyau et de la périphérie ne sont en revanche pas mutuellement exclusifs et fixés exclusivement à certaines zones géographiques : ils sont en fait relatifs l’un à l’autre et se déplacent. Il existe une zone appelée semi-périphérie qui agit comme périphérie au noyau et comme noyau à la périphérie. À la fin du XXe siècle, cette zone pourrait comprendre l’Europe de l’est, la Chine et le Brésil par exemple.

Comme l’a récemment démontré Naomi Klein, avec l’exemple des « boutiques de douceurs » des nations développées, la périphérie, la semi-périphérie et le noyau peuvent aussi coexister de très près dans une même zone géographique.

L’un des effets de l’expansion du « système-monde » est l’augmentation continuelle de la marchandisation des choses, y compris la main d’œuvre humaine. Les ressources naturelles, les terres, la main-d’œuvre mais également les relations humaines se font peu à peu arracher leur valeur « intrinsèque » et sont transformés en marchandises sur un marché qui dicte leur valeur d’échange.

La théorie de Wallerstein a subi de sévères critiques, non seulement de la part des néolibéraux ou des milieux conservateurs, mais également de la part d’historiens qui remirent en doute certaines de ses allégations historiques. Il est à peu près certain que Wallerstein tend à négliger la dimension culturelle, la réduisant un peu vite à l’état de doctrine « officielle » des états concernés. Malgré cela, à l’heure actuelle sa théorie intéresse au plus haut point les mouvements d’antimondialisation auxquels il manquait jusqu’alors une théorie solide et unifiée qui puisse soutenir ce qui caractérisait le mouvement travailliste classique des XIXe et XXe siècles.

Bibliographie en Français

L'Afrique et l'indépendance, Ed. Présence africaine, 1966.
Les inégalités entre les états dans le système international : origines et perspectives, Centre Québécois des Relations Internationales, 1975.
Capitalisme et économie-monde, 1450-1640, Ed. Flammarion, 1980.
La crise, quelle crise ? (avec S. Amin, G. Arrighi & A. G. Frank), Ed. Maspéro, 1982.
Le mercantilisme et la consolidation de l'économie-monde européenne, 1600-1750, Tome II : Le Système du monde du XVe siècle à nos jours, Ed. Flammarion, 1984.
Race, nation, classe : Les identités ambiguës (avec Etienne Balibar), ed. La Découverte, 1988.
Le capitalisme historique,Ed. La Découverte, 1985 [nouvelle édition 2002, avec Postface : "La mondialisation n'est pas nouvelle."]
Impenser la science sociale : Pour sortir du XIXe siècle, Ed. Presses Universitaires de France, 1995.
Le grand tumulte ? Les mouvements sociaux dans l'économie-monde (avec S. Amin, G. Arrighi & A.G. Frank) Ed. La Découverte, 1991.
Ouvrir les sciences sociales. Paris : Descartes & Cie, 1996.
Letters from the President, 1994-1998. Madrid : International Sociological Association, 1998. [English/français/espanol]
L'Après-Libéralisme : Essai Sur Un Système-Monde à Réinventer, Ed. La Tour d'Aigues : Éditions de l'Aube, 1999.
L'histoire continue, Ed. de l'Aube, 1999.
L'Utopistique, ou les choix politiques du XXe siècle. La Tour d'Aigues : Éditions de l'Aube, 2000.
Une nouvelle phase du capitalisme ? (avec François Chesnais, Gérard Duménil & Dominique Lévy), Ed. Syllepse, 2001.

Sources: Encyclopédie Wikipédia.


Retour à l'auteur: Immanuel WALLERSTEIN, sociologue Dernière mise à jour de cette page le mardi 10 octobre 2006 19:58
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur au Cégep de Chicoutimi.
 



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