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Collection « Les sciences sociales contemporaines »

Les pratiques traditionnelles affectant la santé physique et mentale des femmes: l'excision et l'infibulation.
Situation actuelle et perspectives d'avenir.
(2001)
Sommaire


Une édition électronique réalisée à partir du document de Bilkis Vissandjée, Radegonde Ndejuru, Mireille Kantiébo, Jean Renaud, Laetitia Aïthachimi, Alissa Levine et Monique Lapointe, Les pratiques traditionnelles affectant la santé physique et mentale des femmes: l'excision et l'infibulation. Situation actuelle et perspectives d'avenir. Montréal: CLSC Côte-des-Neiges, juillet 2001, 91 pp. [Le 29 janvier 2014, Monsieur Jean Renaud nous autorisait la diffusion de toutes ses publications et travaux en libre accès à tous dans Les Classiques des sciences sociales.]

[6]

Sommaire

Pratiquées majoritairement en Afrique subsaharienne, l'excision et l'infibulation sont des traditions qui varient non seulement d'une région ou d'une ethnie à l'autre mais, également, à l'intérieur d'une même communauté, d'un même groupe ethnique voire d'une même famille. Ces pratiques demeurent profondément ancrées dans les moeurs bien qu'elles fassent l'objet de remises en cause étant donné l'augmentation du taux d'éducation des populations ainsi que les campagnes de sensibilisation menées depuis plus d'une décennie.

Les recherches scientifiques démontrent leurs conséquences néfastes pour la santé cependant, les dimensions socioculturelles attachées à ces pratiques favorisent leur perpétuation que ce soit en Afrique ou ailleurs dans le monde.

En immigrant au Canada, les parents obtiennent une plus grande autonomie décisionnelle concernant leurs enfants. Cependant, le maintien de ces traditions dans les pays d'origine -en grande partie lié à la pression sociale et culturelle - influence de façon marquée, la décision de faire exciser les enfants. Dans le cas où les parents choisissent d'éviter cette pratique, le problème pourrait se poser lors d'un séjour touristique dans le pays d'origine à l'occasion duquel l'enfant serait susceptible d'y être soumise à leur insu.

Aussi, faut-il s'attendre qu'à leur retour au Canada, ces fillettes aient éventuellement besoin de recourir aux services de santé à cause de complications d'ordre physique et/ou psychologique dues à cette opération. Par ailleurs, au-delà du risque de perpétuer ces pratiques sur leurs fillettes, la majorité des femmes adultes originaires de pays où prévalent ces pratiques pourraient avoir déjà subi l'opération avant leur arrivée. Certaines peuvent nécessiter un suivi médical spécifique, surtout lors d'une grossesse et/ou d'un accouchement. Une désinfibulation permettant le passage du nouveau-né pourrait devenir nécessaire pour les femmes ayant été infibulées. Les difficultés rencontrées lors de l'accouchement sont reliées à la méconnaissance des pratiques traditionnelles telles que [7] l’infibulation et l'excision par la plupart des professionnels de la santé au Canada. Par ailleurs, la mauvaise utilisation des services sociaux et de santé par les femmes immigrantes en raison des barrières culturelles, linguistiques et des rôles sociaux auxquels ces immigrantes doivent faire face dans leur nouvel environnement, se révèle un phénomène notable. Les difficultés d'interaction entre des professionnels de la santé et des femmes concernées, les habitudes culturelles peu connues ou peu comprises par le personnel de santé, des services de santé peu adaptés aux besoins des femmes immigrantes et une résistance culturelle de celles-ci à utiliser des services de santé constituent autant d'obstacles en lien avec une mauvaise utilisation des services de santé par les femmes issues des communautés concernées.

Les difficultés de communication se situent à plusieurs niveaux et concernent à la fois : le langage et les expressions, l'habileté d'écouter les patients en tenant compte de leurs réalités culturelles, l'attitude des bénéficiaires face aux interventions médicales elles que la césarienne, les définitions culturelles ainsi que les interprétations des problèmes de santé. Lorsqu'il s'agit de la communication, les femmes sont souvent les plus démunies, ce qui affecte la qualité et la quantité des échanges d'information. Le sexe du médecin en gynécologie ou obstétrique est aussi un facteur important dans la décision des immigrantes à fréquenter ces services. En effet, plusieurs de ces femmes préfèrent fréquenter des femmes gynécologues car elles éprouvent de la gêne à se prêter aux interventions des hommes gynécologues ou obstétriciens. Une telle situation contribue à réduire et même freiner les consultations gynécologiques lors, entre autres, du suivi de grossesse.

Il s'avère donc essentiel de permettre aux professionnel(le)s de la santé d'acquérir une certaine familiarité avec la situation des personnes ayant déjà été soumises à l'excision ou à l'infibulation afin de cerner leurs besoins en services de santé. De plus, il est nécessaire de développer une sensibilité culturelle à ces pratiques et favoriser leur démystification en vue d'améliorer la communication interculturelle entre les intervenantes en santé et les femmes immigrantes.



Retour au texte de l'auteur: Jean-Marc Fontan, sociologue, UQAM Dernière mise à jour de cette page le dimanche 30 août 2020 11:10
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur associé, Université du Québec à Chicoutimi.
 



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