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Collection « Les sciences sociales contemporaines »

Histoire de la Côte-Nord. (1996)
Introduction générale


Une édition électronique réalisée à partir du livre sous la direction de Pierre Frenette et Daniel Chevrier, Jean-Marie M. Dubois, Pierre Dufour, Jean-Charles Fortin, André Lepage, José Mailhot, Françoise Niellon et Normand Perron, Histoire de la Côte-Nord. Québec: Institut québécois de recherche sur la culture, Les Presses de l'Université Laval 1996, 671 pp. Collection “Les régions du Québec, no 9.” Collection dirigée par Normand Perron. [Autorisation accordée par la directrice des Presses de l'Université Laval, Mme Marie-Hélène Boucher, en juillet 2024.]

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Histoire de la Côte-Nord.

Introduction générale

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La Côte-Nord compte parmi les régions du Québec que l’on localise facilement. Ce vaste territoire s’étend de Tadoussac jusqu’à la frontière du Labrador et du Saint-Laurent vers l’intérieur des terres. La Côte-Nord évoque l’éloignement, l’isolement, la démesure. On y entrevoit un littoral parsemé de petites communautés, de souche autochtone ou euroquébécoise, que l’on imagine souvent pauvres. Les références à la Haute, à la Moyenne et à la Basse Côte-Nord témoignent de l’immensité du territoire et de la quasi-existence de plusieurs côtes nord. L’arrière-pays nord-côtier, on le croira facilement presque vide d’habitants.

Les paysages grandioses, les grands espaces et le climat rigoureux nourrissent à leur manière une représentation exotique de ce territoire. Puisque l’on découvre souvent la Côte-Nord à partir du littoral, la mer semble omniprésente. Ce territoire presque sauvage et inhospitalier, que l’on a encore peine à domestiquer, possède pourtant une histoire qui s’est articulée depuis des siècles autour des pêches et, plus récemment, autour de la mise en valeur de la forêt, des mines et de l’eau. De nos jours, la Côte-Nord projette souvent l’image d’une région depuis longtemps unie et homogène. Cette représentation sans nuances relève de la méconnaissance que l’on a de son histoire. On pourrait poursuivre sur les perceptions et les représentations, fausses ou réelles, mais ce n’est pas l’objet de cet ouvrage. Cette synthèse reflète davantage la diversité que l’homogénéité de la région.

Au plan géographique, les caractéristiques différentes entre les parties du littoral et entre la côte et l’arrière-pays, d’une part, et les origines différentes de la population, d’autre part, font de cette région une terre de contrastes. Longtemps dominée par les Autochtones, la Côte-Nord est progressivement occupée par des Euroquébécois, surtout depuis le milieu du XIXe siècle. Les intérêts des deux groupes divergent souvent, quand ils ne divergent pas à l’intérieur même de chacun des groupes pour des raisons politiques, administratives, religieuses ou économiques. D’ailleurs, les activités économiques ont souvent été marquées du sceau de la diversité.

Cette Histoire de la Côte-Nord veut reconstituer le processus de l’occupation du territoire par différents groupes, à diverses époques, et étudier les activités des hommes dans leur milieu. Les habitants, de souche autochtone, européenne ou autre, ont progressivement peuplé la région, chacun y apportant [16] son mode de vie et ses valeurs, mais aussi des intérêts économiques parfois difficiles à concilier. Autochtones venus utiliser des territoires de chasse et de pêche, pêcheurs établis dans des villages temporaires ou permanents pour les besoins de la pêche commerciale, marchands de fourrures à la solde de compagnies, travailleurs saisonniers ou établis en permanence pour les fins de l’exploitation forestière, colons défrichant la terre, tous contribueront au lent peuplement du territoire ou à son façonnement.

En raison du peu d’homogénéité de la région, l’étude des aspects démographiques, économiques, sociaux et culturels pose des défis. La population se limite à une dizaine de milliers d’habitants au tournant du XXe siècle. Il faut également ajouter l’étalement sur le littoral, ce qui n’a pas favorisé le resserrement des liens. Malgré ces faibles effectifs, ce peuplement épars et ces origines ethniques et linguistiques diverses, des institutions ont vu le jour. Celles-ci ont été à l’image de la Côte-Nord, les espaces sur lesquels elles se sont articulées correspondant rarement à l’ensemble de la région. Peu à peu, elles s’« agglutineront » pour englober le territoire actuel.

À ce rendez-vous de l’unité régionale, les activités économiques, diverses mais cantonnées à des secteurs précis du littoral, n’ont pas toujours été présentes. Bref, les intérêts des pêcheurs, ceux des employés des compagnies forestières et ceux des colons étaient assez éloignés. Les compagnies ont souvent exploité les ressources à partir de l’extérieur, sans vraiment s’établir. On pouvait alors davantage parler d’exploitation que de mise en valeur, les installations temporaires dans l’industrie du bois, par exemple, étant presque chose normale. La naissance, la croissance, le déclin et la mort du village allaient alors presque de pair avec l’arrivée, l’importance des opérations et le départ d une compagnie forestière.

* * *

Cet ouvrage est divisé en trois parties. La première s’étend depuis les origines jusqu’au début du XIXe siècle. Après une description du milieu nord-côtier, nous revivrons l’histoire de l’occupation ancienne de ce territoire en découvrant comment des occupants de provenances diverses en ont exploité et partagé les ressources. Les contacts entre Autochtones et Européens transforment la société des premiers habitants : le commerce des fourrures, particulièrement, provoque des changements qui touchent les habitants de vastes territoires. Pendant toute cette période, les Autochtones demeurent le groupe numériquement majoritaire.

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La deuxième partie s’arrête à 1945. C’est la période où les populations d’origines diverses s’installent progressivement en plus grand nombre dans la partie occidentale de la côte, surtout après que le territoire ait été libéré du monopole de la Compagnie de la baie d’Hudson. Les industries du bois et de la pêche contribuent à modifier lentement le territoire en favorisant la venue de travailleurs qui éliront, temporairement ou en permanence, domicile sur le littoral. La progression numérique de ces nouveaux venus est lente ; toutefois, le poids numérique des Autochtones est en baisse constante.

Les lendemains de la Deuxième Guerre mondiale font l’objet de la troisième et dernière partie. Le développement d’une économie principalement axée autour des ressources minières et hydrauliques attire d’importants investissements. Les entreprises qui s’y établissent ont besoin de travailleurs et quelques villes connaissent alors une croissance démographique significative. La population régionale dépassera finalement les 100 000 habitants. Avec la naissance d’institutions et d’organismes qui lui sont propres, la Côte-Nord acquerra une plus grande unité.



Retour au texte de l'auteur: Jean-Marc Fontan, sociologue, UQAM Dernière mise à jour de cette page le vendredi 27 septembre 2024 10:50
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur associé, Université du Québec à Chicoutimi.
 



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