Histoire du Bas Saint-Laurent. (1993)

« Nous n'avions alors aucune terre à nous. À cette époque un bon nombre de nos jeunes gens laissaient le pays pour les États, et ce fait éveillait les craintes de notre bon curé qui élevait souvent la voix contre cet état de chose déplorable. C’était disait-il regrettable de voir nos colons quitter la terre natale pour l’Étranger au moment où le gouvernement faisait des efforts pour ouvrir les cantons par des chemins nouveaux et en subdivisant les rangs en lots qu’on offrait aux colons. Il nous conseillait de nous emparer de ces lots et que l’avenir nous serait beaucoup plus favorable que de s’expatrier.

Un bon jour [de 1857] mon père se rendit avec nous sur les domaines de la couronne afin de faire un examen de ces lots qu'offrait le gouvernement.

Rendu au sixième rang de la paroisse St-Éloi, P.Q., Co. Témiscouata, il trouva des places qu’il jugea convenables pour s’y établir. Il nous dit que si nous voulions travailler sur ces terres, nous pourrions parvenir à nous procurer une vie avantageuse. Plusieurs des lots étaient déjà retenus par les gens qui avaient ouvert les chemins.

[...] dans l’automne suivant nous montâmes sur ces terres, mon père, mon frère et moi. [...]

En peu de temps nous avions complété une vingtaine d’arpents d'abattis. »

Félix ALBERT