Éditorial
S’IL TE PLAÎT, DESSINE-MOI UN HOMME D’ÉTAT…
Devant un auditoire aussi bondé qu’attentif, il avait inauguré en 1995 l’organe précurseur du Centre d’Action pour un Personnalisme Pluraliste, « l’Atelier de l’Humanisme », qui, déjà, entendait abreuver le pluralisme aux sources d’inspiration multiples du christianisme, du judaïsme, de l’islam, de la laïcité…
Et pour cause. Pierre Harmel ne fut pas… seulement (!) parlementaire (de 1946 à 1977), ministre de l’Instruction publique, de la Justice, des Affaires culturelles, de la Fonction publique et des Affaires étrangères (Aah ! La fameuse « doctrine Harmel », incontournable référence de tout étudiant belge en Relations Internationales…), Premier ministre (1965-1966) ou président du Sénat (de 1973 à 1977). Il fut aussi personnaliste. Résolument, profondément et authentiquement personnaliste.
« Une philosophie personnaliste est une philosophie de croissance, de croissance humaine, avant d’être une philosophie de croissance économique ou matérielle » [1], estimait ainsi cet homme politique de très haute volée, en s’appuyant sur la pensée de Jacques Maritain qui fut l’un de ses auteurs de prédilection.
Et d’ajouter : « Les problèmes qui sont devant les hommes publics contemporains, si complexes qu’ils soient, ont besoin d’hommes et de femmes courageux, hautement qualifiés, mais aussi inspirés par l’amour de l’humnaité, croyant à la croissance humaine, la voulant intensément et portant ce point-là au premier plan de leurs préoccupations. On peut appeler cela le personnalisme. Maritain l’appelait ainsi. Dabin et d’autres l’appelaient ainsi. En réalité, on n’en sortira pas autrement. Il n’y a pas, à l’heure actuelle, d’autre doctrine que celle qui sera fondée sur ces idées-là. La seule doctrine de progrès sera celle-là. » [2]
Pierre Harmel vient de nous quitter. Mais son action politique restera dans les annales de la toute grande Histoire. Sans doute, justement, parce qu’elle aura été solidement enracinée dans l’humanisme de la personne.
Celui qui nous est cher.
Celui, aussi, qui anima le personnage-clé de la présente mouture de Perso : le passionnant et passionné aventurier de l’intérieur Antoine de Saint-Exupéry, dont Terre des hommes paraissait il y a maintenant 70 ans. Celui, enfin, qui sera plus que jamais au menu des prochains numéros de votre magazine. Sans, pour autant, empêcher ce dernier, dès l’année prochaine, de se vouloir plus convivial. Sans davantage lui refuser le droit, désormais, d’ancrer plus clairement la réflexion dans le vécu. Sans non plus lui interdire, au-delà de l’intellect et du concept, d’accorder dorénavant un regain d’importance au ressenti et à l’image.
Le suspense est à son comble.
Plus que quelques bonnes dizaines de fois dormir…
Christophe Engels
président du CAPP
rédacteur en chef de Perso
[1] Compte-rendu de l’allocution du 23/11/1995 de Pierre Harmel, in Cahiers de l’Atelier de l’Humanisme, n° 1, p. 4, téléchargeable sur le site du CAPP (www.personnalisme.org).
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