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Éditorial
par Jocelyn de Noblet
In revue Culture technique, no 27 “Culture marchande”, juillet 1993, page 3. Neuilly-sur-Seine : Centre de recherche sur la culture technique.
- L'histoire du commerce est celle de la communication des peuples.
Montesquieu
Le début du commerce remonte à l'origine des sociétés humaines parce que l'échange de produits a toujours nécessité la double opération de l'achat et de la revente, ce qui implique trois acteurs distincts : un producteur, un consommateur et un marchand. Le médiateur indispensable qui se consacre à la spécialité des échanges est le commerçant. Le dictionnaire Larousse du xixe siècle a valorisé cette fonction en termes élogieux : « Le commerce est le véhicule de la vie universelle, il est à l'économie sociale ce que le sang est à l'organisme humain [...] supprimer le commerce ou y apporter des entraves, autant vaudrait supprimer ou gêner la circulation du sang ».
De son côté, l'abbé Sieyès dans son libelle Qu’est-ce que le Tiers État ? (publié en janvier 1789) écrit qu'« Entre la production et la consommation, comme aussi entre les différents degrés de production, il s'établit une foule d'agents intermédiaires, utiles tant aux producteurs qu'aux consommateurs ; ce sont les marchands et les négociants. Les négociants, qui comparent sans cesse les besoins des lieux et des temps, spéculent sur le profit de la garde et du transport ; les marchands qui se chargent en dernière analyse du débit, soit en gros, soit en détail. »
Dans des sociétés structurées en classes sociales, séparées par des cloisons étanches, l'échange des marchandises a toujours nécessité une fonction transversale susceptible d'établir une communication entre des cultures différentes et par un effet de retour de déboucher sur le concept de civilisation.
Avec l'ouverture du grand marché européen, il nous est apparu nécessaire de consacrer un numéro de la revue Culture technique à la fonction de la culture marchande dans la société contemporaine.
C'est grâce à une collaboration efficace avec l'Institut du commerce et de la consommation qu'il a été possible de rassembler des auteurs de qualité et d'aboutir à une analyse pertinente et sans complaisance d'une activité internationale qui conditionne notre devenir dans de nombreux domaines.
Nous tenons à remercier le préfet Paul Camous, Délégué général de l'Institut du commerce et de la consommation de 1982 à 1992 et Madame Yvonne Lapalu, Secrétaire générale du même Institut, pour leurs conseils et pour la confiance qu'ils nous ont accordée. Nous remercions aussi Monsieur Jacques Perrilliat, actuel Délégué général de l'Institut du commerce et de la consommation.
Pour coordonner cet important travail, le Centre de recherche sur la culture technique et l'Institut du commerce et de la consommation ont demandé à Madame Fabienne Goux-Baudiment, diplômée de l'Institut d'études politiques de Strasbourg, de remplir la fonction de responsable scientifique de cette livraison.
Son expérience et son ouverture d'esprit ont permis d'établir une cohérence entre des réflexions qui puisent leur information à des sources aussi diverses.
Jocelyn de Noblet
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