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Collection « Histoire du Saguenay—Lac-Saint-Jean »

Aux sources de l’histoire sagamienne. Mon ami l’abbé Jean-Paul. (1985)
Introduction


Une édition réalisée à partir du texte de Russel Aurore Bouchard, Aux sources de l’histoire sagamienne. Mon ami l’abbé Jean-Paul. Chicoutimi-Nord: Russel Bouchard, à compte d’auteur, 1989, 108 pp. [Avec l'autorisation de l'auteure accordée le 6 octobre 2014 de diffuser ce livre dans Les Classiques des sciences sociales.]

[xiii]

Introduction

Le nom de l'abbé Jean-Paul Simard est avantageusement connu au Saguenay—Lac-Saint-Jean. Ce fils, issu d'une modeste famille terrienne de Bagotville, a marqué profondément la société qui l'a accueilli et vu grandir. Homme d'Église d'une grande probité et chercheur d'histoire d'une grande rigueur intellectuelle, il a donné l'image d'un humaniste attachant, toujours à l'écoute de son entourage. Sur le plan scientifique, ses travaux, qui s'intéressèrent plus particulièrement à notre histoire économique et aux Amérindiens du Saguenay, font encore école aujourd'hui. Dans le milieu de la recherche, sa mort qui survient à l'automne 1983, laisse un vide qui sera difficile à combler.

L'abbé Jean-Paul a oeuvré à une époque cruciale au chapitre de l'historiographie sagamienne. Ses premiers contacts avec la recherche, il les a fait en 1934, au moment  où Mgr Victor Tremblay et son équipe de collaborateurs entreprirent la fondation de la Société historique du Saguenay. Alors âgé à peine de quinze ans, il gravira, étape par étape, les longues marches du savoir, passera par la célèbre Université Grégorienne de Rome avant d'aboutir comme professeur à l'Université du Québec à Chicoutimi. Il deviendra pour toute une génération d'historiens, une sorte de phare, un maître à pensée sur lequel on peut prendre modèle.

[xiv]

Sa conception de l'histoire n'a rien de prétentieuse. Elle est au contraire complètement détachée des avantages honorifiques qui l'accompagnent. Pour lui, le chercheur est au service de la vérité et de l'Homme. Pas à pas, il doit patiemment soutirer des dépôts d'archives et de ses innombrables lectures, un maximum d'informations qui l'aideront à se forger, au fil des ans, une crédibilité scientifique et une personnalité littéraire.

Ce petit volume qui se veut sans prétention a été imaginé dans un premier temps pour rendre hommages à ce bâtisseur et à cet ami que fut l'abbé Jean-Paul. Originellement, notre idée était de fournir un petit aperçu biographique qui aurait précédé la présentation de deux textes, inédits sous leurs formes originelles. Au fil de la plume, nous nous sommes rapidement rendu compte que ce chercheur qui avait oeuvré de 1934 à 1983, était passé par toutes les étapes marquant les courants historiographiques sagamiens. Après avoir fait ses premières armes avec son professeur, Mgr Victor, il a organisé systématiquement les notions de base d'une première histoire scientifique régionale et s'est rangé finalement aux côtés de ses collègues universitaires pour donner un souffle nouveau à la recherche.

L'occasion était donc trop belles pour ne pas en profiter et faire du même coup une mini enquête épistémologique. Après 150 ans d'histoire, de chroniqueurs et de publications de toutes sortes, ayant été soi-même observateur et acteur du renouveau historiographique, l'idée nous est donc venu d'intégrer à notre présentation biographique les points de repère d'une sorte de voyage aux sources de l'histoire sagamienne. Nous espérons que le lecteur ne nous tiendra pas rigueur de déroger à la règle et de déborder régulièrement de l'encadrement biographique.

La seconde partie du volume a conservé la forme que nous nous étions proposé au début. A travers notre recherche, en parcourant les dossiers du fonds de l'abbé Jean-Paul, nous avons été en mesure de retracer plusieurs écrits qui n'avaient pas été publié. De leur analyse, il est ressorti qu'au moins deux d'entre eux méritaient d'être reproduit dans leur version intégrale: “Les Montagnais de la chasse-gardée de Tadoussac” et “Le Saguenay s'ouvre sous le signe du bois.

[xv]

Le premier, est la version intégrale du document présenté par l'abbé Jean-Paul, au colloque du Peabody Museum of Archaeology and Ethnology, organisé à Québec par la Harvard University, au printemps 1979. Nous croyons que la théorie de la chasse-gardée n'a pas eu l'attention qu'elle aurait été en mesure de recevoir. Peut être par pure ignorance, peut être tout simplement par négligence, les chercheurs qui se sont intéressés à l'histoire des Montagnais du Saguenay n'ont pas répondu  aux interrogations qu'elle éveille et l'ont tout simplement ignorée. Pourtant, la question est importante et mérite d'être reposé à nouveau. Lorsque nous parcourons l'histoire de la traite des fourrures au Saguenay dans ses moindres détails, nous nous apercevons qu'une foule de questions sont encore sans réponses alors que d'autres ont tout simplement été galvaudée et devront tôt ou tard être reposées à nouveau. Le texte sur la chasse-gardée à été publié, en 1983, dans une  version rafraîchie par son auteur, dans l'étude sur “Les Saguenayens”. Sur plusieurs points il se distingue de l'original mais nous sommes d'avis que la présentation annotée pourra apporter des éléments nouveaux à sa compréhension et démontrera, pour ceux qui désirent s'en donner la peine, l'évolution de la démarche de son concepteur.

Le second texte, n'a jamais été publié. “Le Saguenay s'ouvre sous le signe du bois” a été rédigé probablement en 1969 pour répondre d'abord et avant tout à des besoins pédagogiques. C'était l'habitude de l'abbé Jean-Paul de s'adonner à rédiger  une sorte de préambule pour chacun de ses cours; ces textes étaient habituellement fournis aux étudiants et soumis à leurs critiques. N'ayant pas été rédigé pour publication, son auteur n'a pas cru bon de l'accompagner de notes au bas de pages. L'analyse de ces quelques vingt-cinq pages nous révèle un texte d'une très grande qualité littéraire et documentaire qui lève le voile sur une facette mal connue de notre histoire régionale. De main de maître, l'abbé Jean-Paul réussi à nous entraîner dans les couloirs obscurs qui ont parcourus les dessous de l'ouverture du Saguenay. Sur le plan historiographique, il marque une étape importante car il remet scientifiquement en cause la thèse “victorienne” voulant que la Société des Vingt et un ait été animé par des motifs puérils de colonisation.

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Retour au texte de l'auteur: Jean-Marc Fontan, sociologue, UQAM Dernière mise à jour de cette page le lundi 13 octobre 2014 19:48
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur associé, Université du Québec à Chicoutimi.
 



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