Préface
[9] Voici un tout petit livre qui contient deux études dont la genèse différente explique certaines répétitions qu'on retrouvera dans l'une ou l'autre. La première est ma part de collaboration à une œuvre collective qui, sous la direction de M. Pattee devait paraître en langue anglaise. Certaines difficultés d'ordre financier empêchent la réalisation du projet jusqu'à présent. La seconde, elle aussi, fait partie de l'enquête poursuivie par la Société haïtienne d'Études scientifiques sur certains problèmes de notre communauté et doit paraître dans les Annales de la Société.
Je m'excuse de devancer l'une et l'autre publication. Le hasard a voulu que j'aie lu publiquement, en partie ou en totalité les deux manuscrits. Ils ont soulevé autant d'enthousiasmes que de colères. C'est pour permettre à mes juges de décider à bon escient que je me suis résolu à mettre mon texte sous leurs yeux.
Dois-je dire que c'est « icy un livre de bonne foy » ?
J'ai essayé de faire valoir ce que je crois être vrai sur les sujets que j'ai traités en toute liberté d'esprit, sans souci de plaire ou de déplaire à qui que ce soit. Ai-je réussi à résoudre les problèmes qui étaient posés devant moi ? Comment pourrais-je avoir cette prétention ? N'est-il pas vrai que le « revers de la vérité à cent mille figures et un champ indéfiny » ?
[10] En tout cas, cette « recherche de la vérité est une fête par elle-même de quelque peine que les résultats où elle nous mène puissent affliger notre cœur ».
Au surplus, au cours du laborieux examen auquel je soumets la vie du peuple haïtien depuis de longues années et dont je publie les conclusions partielles de temps à autre, j'ai le droit de répéter le mot de Montaigne : « ma conscience ne falcifie pas un iota, mon inscience je ne sçay. »
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