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Collection « Les auteur(e)s classiques »

Une édition électronique sera réalisée à partir du texte d'André Chéradame, Les causes lointaines de la guerre. (1925) Ouvrage accompagné d'une carte. Évreux: Imprimerie Ch. Hérissey, 1925, 164 pages. Une édition numérique réalisée par M. Jean-Paul Murcia, bénévole, professeur de philosophie à Dijon.

Préface, 15 août 1925

Depuis longtemps, je veux publier une démonstration documentée des véritables causes de la guerre mondiale. Si étrange que cela soit, en 1925, sept années après l'armistice, les véritables causes du prodigieux conflit qui ensanglanta l'Europe sont encore fort mal connues. La preuve en résulte, d'ailleurs, des grandes erreurs stratégiques de l'Entente pendant la guerre et de ses fautes politiques depuis la paix, fautes et erreurs aujourd'hui reconnues et amèrement déplorées par un nombre croissant des citoyens des pays alliés.

En effet, c'est essentiellement pour n'avoir pas exactement compris pourquoi l'Allemagne a fait la guerre, — son objectif essentiel ayant été d'établir son contrôle sur l'Europe centrale, — que les Alliés n'ont pas dès le début découvert comment il fallait conduire la guerre pour vaincre vite l'Allemagne en faisant obstacle à la partie principale de son plan. Si celle-ci avait été bien « réalisée » à Paris et à Londres, les alliés auraient organisé au plus vite l'expédition Salonique-Vienne-Prague-Berlin qui, en outre, était l'opération la plus propre à mettre fin à la pression allemande sur le front occidental, comme on finira bien par s'en persuader.

De même, si les dirigeants de la France avaient saisi, dès l'armistice, l'importance extrême pour l'avenir de la Paix et de la France, des États slaves et latins de l'Europe centrale que la victoire alliée venait de constituer ou d'agrandir, ils n'auraient pas admis que la Pologne, la Tchécoslovaquie, la Roumanie, la Yougoslavie et la Grèce fussent sottement qualifiées de pays à « intérêts limités » et ils auraient tenu avec énergie à ce que les représentants de ces pays fussent constamment admis dans les grandes conférences de la paix, sur le même pied que les autres puissances. Cette attitude de la France aurait suffit à lui assurer la majorité dans les conférences et, aujourd'hui, elle n'aurait pas à déplorer l'effroyable duperie dont elle a été victime pour s'être livrée, avec une inconcevable naïveté, à MM. Wilson, Lloyd George, etc., après avoir écarté d'elle, dans toutes les réunions décisives, ses fidèles alliés et amis de l'Europe centrale.

L'établissement des véritables causes de la guerre n'est donc pas seulement intéressant pour l'intelligence historique du passé, il a, en outre, une importance capitale pour la compréhension du présent et la préparation de l’avenir.

Mais j'ai attendu, pour produire mes preuves et arguments, le moment où leur action pourrait être particulièrement utile, c'est-à-dire, la période où se trouverait en pleine évolution vers le succès la manœuvre allemande qu'au début de 1922 j'annonçais en ces termes dans La Mystification des Peuples Alliés, p. 259 :


L'idée que l'Allemagne n'est pas seule responsable de la guerre « a été lancée surtout après que l'Allemagne eut obtenu par les accords de Londres (mai 1921) que sa dette fût fixée à un chiffre relativement très bas. Une fois ce résultat assuré, l'objectif des Allemands a été de ne plus rien payer du tout. En conséquence, ils ont fait répandre dans les pays alliés l'idée que, tout bien considéré, l'Allemagne n'est pas la seule responsable de la guerre. Le résultat escompté de cette propagande est que, une fois admise l'idée que les responsabilités doivent être partagées, l'Allemagne ne doit pas être seule à payer les réparations. Si elle doit de ce chef, la France aussi lui doit. Par conséquent, les deux dettes s'annulent finalement et économiquement l'Allemagne gagnera la partie. »

Au début de 1925, cette manœuvre allemande est en plein développement dans tous les pays du monde. Dans une interview publiée le 21 avril 1925, par le British United Press, le maréchal Hindenburg, quelques jours avant d'être élu Président du Reich, proclamait : « L'Allemagne doit être lavée des mensonges répandus sur les responsabilités de la guerre. » Le moment est donc venu de publier ma démonstration, afin de constituer l'arsenal de faits et d'arguments où pourront puiser ceux qui voudront rétablir la vérité.

Le sujet est si étendu et si complexe qu'il demande à être exposé en deux livres distincts. Le premier, — celui-ci —, expose Les Causes lointaines de la Guerre, c'est-à-dire celles qui, de 1895 à 1912, ont engendré virtuellement le conflit.

Un second ouvrage, La Cause immédiate de la Guerre, démontre que c'est essentiellement la volonté des Germains de Vienne et de Berlin de détruire les résultats des guerres balkaniques de 1912-1913, consacrés par le Traité de Bucarest du 10 août 1913, résultats rendant impossible la réalisation du Pangermanisme, qui déchaîna la lutte mondiale.


Méheudin par Ecouché (Orne).
Le 15 août 1925.


Retour au livre de l'auteur: André Chéradame Dernière mise à jour de cette page le Vendredi 05 septembre 2003 13:31
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue.
 



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