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Collection « Les auteur(e)s classiques »
Paris, capitale du XIXe siècle. (1939): Introduction
Une édition électronique réalisée à partir du texte de Walter Benjamin, Paris, capitale du XIXe siècle , « exposé » de 1939 écrit directement en français par W. Benjamin in Das Passagen-Werk (le livre des Passages), Frankfurt am Main, Suhrkamp Verlag, 1982, pages 60 à 77.
Introduction
Lhistoire est comme Janus, elle a deux visages : quelle regarde le passé ou le présent, elle voit les mêmes choses. Maxime Du Camp, Paris. VI, p. 315.
Lobjet de ce livre est une illusion exprimée par Schopenhauer, dans cette formule que pour saisir lessence de lhistoire il suffit de comparer Hérodote et la presse du matin. Cest là lexpression de la sensation de vertige caractéristique pour la conception que le siècle dernier se faisait de lhistoire. Elle correspond à un point de vue qui compose le cours du monde dune série illimitée de faits figés sous forme de choses. Le résidu caractéristique de cette conception est ce quon a appelé « lHistoire de la Civilisation », qui fait linventaire des formes de vie et des créations de lhumanité point par point. Les richesses qui se trouvent ainsi collectionnées dans laerarium de la civilisation apparaissent désormais comme identifiées pour toujours. Cette conception fait bon marché du fait quelles doivent non seulement leur existence mais encore leur transmission à un effort constant de la société, un effort par où ces richesses se trouvent par surcroît étrangement altérées. Notre enquête se propose de montrer comment par suite de cette représentation chosiste de la civilisation, les formes de vie nouvelle et les nouvelles créations à base économique et technique que nous devons au siècle dernier entrent dans lunivers dune fantasmagorie. Ces créations subissent cette « illumination » non pas seulement de manière théorique, par une transposition idéologique, mais bien dans limmédiateté de la présence sensible. Elles se manifestent en tant que fantasmagories. Ainsi se présentent les « passages », première mise en uvre de la construction en fer ; ainsi se présentent les expositions universelles, dont laccouplement avec les industries de plaisance est significatif ; dans le même ordre de phénomènes, lexpérience du flâneur, qui sabandonne aux fantasmagories du marché. À ces fantasmagories du marché, où les hommes napparaissent que sous des aspects typiques, correspondent celles de lintérieur, qui se trouvent constituées par le penchant impérieux de lhomme à laisser dans les pièces quil habite lempreinte de son existence individuelle privée. Quant à la fantasmagorie de la civilisation elle-même, elle a trouvé son champion dans Haussmann, et son expression manifeste dans ses transformations de Paris. Cet éclat cependant et cette splendeur dont sentoure ainsi la société productrice de marchandises, et le sentiment illusoire de sa sécurité ne sont pas à labri des menaces ; lécroulement du Second Empire, et la Commune de Paris le lui remettent en mémoire. A la même époque, ladversaire le plus redouté de cette société, Blanqui, lui a révélé dans son dernier écrit les traits effrayants de cette fantasmagorie. Lhumanité y fait figure de damnée. Tout ce quelle pourra espérer de neuf se dévoilera nêtre quune réalité depuis toujours présente ; et ce nouveau sera aussi peu capable de lui fournir une solution libératrice quune mode nouvelle lest de renouveler la société. La spéculation cosmique de Blanqui comporte cet enseignement que lhumanité sera en proie à une angoisse mythique tant que la fantasmagorie y occupera une place.
Dernière mise à jour de cette page le Vendredi 07 mars 2003 18:23 Par Jean-Marie Tremblay, sociologue.
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