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Collection « Les auteur(e)s classiques »

Pratique et théorie de la psychologie individuelle comparée (1930)
Introduction


Une édition électronique à être réalisée à partir du livre d’Alfred Adler, Pratique et théorie de la psychologie individuelle comparée (1930). Préface et traduction du Dr. H. Schaffer. Paris : Éditions Payot, 1961, Bibliothèque scientifique, 379 pages. Le texte de la 4e édition allemande de 1930 a été utilisé pour cette traduction. Une édition numérique à être réalisée par mon amie, Gemma Paquet, bénévole.

Introduction

La psychologie individuelle comparée essaye d'approfondir l'étude de la connaissance psychologique de l'être humain, uniquement en s'efforçant de comprendre la position de l'individu en face de certains problèmes sociaux., La « ligne dynamique » par laquelle se représente et se réalise l'activité sociale d'une personnalité nous renseigne sur le degré d'insertion d'un sujet dans la société, dans la vie, dans l'univers et sur ses exigences. Cette « ligne dynamique » nous renseigne également sur le caractère, l'élan, la volonté psychique et somatique de 'être humain. On peut remonter jusqu'aux origines de l'individu, à une époque où se forme la personnalité, et découvrir la position de l'être humain pendant les premières années de son existence, les premières difficultés que lui oppose le monde extérieur, ainsi que la forme et la puissance de sa volonté et ses tentatives pour surmonter ces obstacles. Pendant les premières années de son existence, l'enfant crée pour lui, parfois malencontreusement, parfois inconsciemment, un schéma réactionnel, un but et un idéal, un « style de vie » auquel il reste fidèle d'une façon consciente ou inconsciente. Il prend comme modèles toutes les possibilités de succès et tous les exemples d'autres sujets ayant pu surmonter leurs difficultés dans le cadre fourni par le milieu culturel qui l'entoure.

C'est sur cette profonde « ligne dynamique » de l'individu, dont l'être humain est en partie conscient, mais dont l'importance fondamentale lui échappe toujours, que s'échafaude toute la structure psychique. Dans la direction de ce dynamisme s'orientent toute la volonté, le cercle des idées, les intérêts, le processus d'association, ses espoirs et ses craintes. L'opinion sur le monde provient de ce dynamisme et sert à sa défense, ainsi que toutes les incitations et tout le dispositif de freinage. Chaque événement sera tourné et retourné jusqu'à ce qu'il se conforme au noyau spécifique de la personnalité, précisément à cette ligne dynamique infantile.

Notre psychologie individuelle comparée a prouvé que la ligne dynamique des tendances humaines provient avant tout d'un mélange, réunissant le sentiment social et la tendance à une supériorité personnelle. Ces deux facteurs fondamentaux se présentent en tant que formation sociale : le premier est inné, favorisant la vie sociale, le second est acquis, s'efforçant constamment de séduire et d'exploiter la société en vue d'un prestige personnel.

Il n'a pas été trop difficile de faire comprendre au psychologue, au pédagogue, au neurologue, cette notion d'une politique de prestige de l'individu. Nous ne sommes pas étonnés, d'autre part, de constater qu'une attitude scientifique tenant compte de cette recherche du prestige, s'efforce de se soustraire à l'influence de la psychologie individuelle comparée et que, sans combattre nos conceptions, elle adopte nos découvertes comme étant siennes, par des détours et des subterfuges. En fait, cette attitude scientifique se borne avec grandiloquence et présomption à suivre péniblement nos propres constatations de l'existence d'une griserie de la puissance personnelle, sans pouvoir dépasser cette constatation.

Ce qui semble plus difficile à comprendre est la contribution générale du sentiment social, car ici nous nous heurtons à la conscience de l'individu. Ce dernier supporte plus facilement la preuve que, semblable aux autres êtres humains, il recherche la renommée et la supériorité, mais il accepte difficile-ment cette vérité inattaquable qu'il est pris, lui aussi, dans le lien d'une connexion interhumaine, notion à laquelle il se refuse habituellement à croire. Son organicité appelle la coopération ; le langage, la morale, l'esthétique, la raison, disons des valeurs universelles, la présupposent. L'amour, le travail, les sentiments humanitaires sont les postulats évidents de la vie humaine sociale. En face de cette évidence inattaquable se dresse la tendance a une puissance personnelle que parfois l'homme s'efforce d'acquérir par la ruse. Et cette lutte incessante même prouve l'importance du sentiment social. Notre connaissance des motifs d'une action, la compréhension générale des manifestations psychiques chez le sujet sain ou névrosé -manifestations qui peuvent toujours signifier autre chose que ce que la surface laisse paraître - sont insuffisantes, tant que leur façonnage et que l'axe d'orientation dynamique du style de vie demeurent cachés. Ce que les grands penseurs ont dénommé volonté divine, sort, idée, base économique, se présente aux yeux de la psychologie individuelle comparée comme la réalisation d'une loi de la recherche de puissance : la logique immanente de la vie humaine collective. Le présent ouvrage contient des articles apportant des compléments et des approfondissements à la théorie et à la pratique de notre psychologie et se propose, par une suite de travaux plus ou moins récents, d'indiquer le chemin sur lequel avance notre étude scientifique. Dans ce sens, il faut le considérer comme un complément à l'ouvrage : Le tempérament nerveux.

Retour au texte de l'auteur: Alfred Adler Dernière mise à jour de cette page le Vendredi 30 mai 2003 13:32
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue.
 



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