[393]
Cinq mois tragiques aux Affaires Étrangères
(21 mai 1er novembre 1940).
Table des matières
Première Partie
Paris Langeais Bordeaux La Bourboule
Chapitre I. Trois semaines au Quai d’Orsay [3]
- Arrivée à Paris. Situation militaire. Visites à MM. Alexis Léger, Édouard Daladier, Paul Reynaud et Paul Baudouin. Situation diplomatique. Projet de manœuvre pour rompre l’encerclement des armées de Belgique. Abandon de ce projet et repli sur Dunkerque. Comité de guerre du 25 mai. Visite de M. Paul Reynaud à Londres le 26. Convocations chez M. Paul Reynaud le soir du 26 et le matin du 27. Démarche de Roosevelt à Rome le 27 mai. Capitulation du roi des Belges. Conseil des ministres français le 27 au soir. Projet d’offre concrète à l’Italie. Objections contre ce projet. Consultation avec Londres et renonciation à présenter l’offre à Rome. Mes notes au ministre des 28 et 29 mai. Conversations avec le général Weygand, avec l’amiral Darlan. Note diplomatique française du 31 mai au gouvernement italien. Mutisme à Rome. Conversation avec M. Guariglia. Visite au maréchal Pétain. Nomination d’un ambassadeur de France à Moscou. Attitude des Balkaniques et de la Turquie. Débarquement de troupes espagnoles à Tanger. Déclaration de guerre de l’Italie. Appel de M. Paul Reynaud à Roosevelt. Départ de Paris pour la Touraine le soir du 10 juin.
Chapitre II. Trois jours à Langeais [25]
- De Paris à Langeais. Inconvénients du cantonnement des services publics en Touraine. Démenti officiel à l’opinion étrangère, qui tenait la résistance militaire française pour brisée et désorganisée. Démarche auprès des ministres du Canada et de l’Afrique du Sud. Télégramme du général Smuts à M. Winston Churchill. Conseil des ministres du 12 juin à Cangé. Conseil suprême franco-anglais du 13 juin à Tours. Convocation chez M. Paul Baudouin le soir du 13 juin. Il me rapporte la noble déclaration faite par M. Churchill. Avec quelle éventualité les ministres anglais se sont-ils cru confrontés à Tours ? Incertitude sur ce point. Réponse de Roosevelt à l’appel de M. Paul Reynaud le 10 juin. Second message de M. Paul Reynaud à Roosevelt, le soir du 13 juin. Licenciement d’une partie du personnel du ministère avant de quitter la Touraine. Télégramme d’Ankara annonçant que la Turquie gardait la neutralité après l’agression italienne contre la France et l’Angleterre. Départ pour Bordeaux, le matin du 14 juin.
Chapitre III. À Bordeaux. Les derniers jours du Cabinet Paul Reynaud [34]
- De Langeais à Bordeaux. Alternative posée devant le gouvernement : demande d’armistice ou départ pour l’Afrique. En cas de départ pour l’Afrique, que fera-t-on de l’armée ? En cas de demande d’armistice, que fera-t-on de la flotte ? Visite de l’ambassadeur d’Angleterre à mon cabinet le 15 juin. Éventualité d’un changement de ministère. Objections opposées au départ pour l’Afrique. Insuffisance des moyens militaires en Afrique. Dispositions inquiétantes de l’Espagne. Question du passage éventuel des Allemands par l’Espagne. Conseil des ministres du 15 juin. Ma rencontre avec le général Weygand et l’amiral Darlan, attendant l’issue de ce conseil. Vive réaction du général Weygand à l’hypothèse d’une capitulation de l’armée sans armistice. Visite du maréchal Pétain à M. Paul Reynaud et note lue par le maréchal. Visite de M. Paul Baudouin à M. Paul Reynaud. Réponse de Roosevelt au second message de M. Paul Reynaud. Télégramme de M. de Saint-Quentin. Proposition anglaise d’union intime franco-britannique. Conseil des ministres du 16 juin après-midi et dislocation du gouvernement.
Chapitre IV. La formation du Cabinet Pétain. La demande d’armistice. [48]
- Démission de M. Paul Reynaud. Le maréchal Pétain chargé de former le cabinet. Convocation à la présidence de la République dans la soirée du 16 juin. Objections contre le choix de M. Laval pour les Affaires étrangères. M. Laval, écarté de ce ministère, refuse le portefeuille de la Justice. Première séance du cabinet Pétain. Demande d’armistice. Les ambassadeurs d’Espagne, d’Angleterre et des États-Unis reçus par M. Paul Baudouin. Le Nonce apostolique convoqué le matin du 17 juin. Allocution radiodiffusée du maréchal Pétain. Ma visite de congé chez M. Paul Reynaud. Visite de l’ambassadeur d’Angleterre à mon cabinet. Deux télégrammes de lord Halifax. M. Paul Reynaud et sir Ronald Campbell convoqués le 18 juin par M. Paul Baudouin. Question de la flotte française. Probabilité d’équivoque entre Bordeaux et Londres. Avertissement à l’amiral Darlan. Télégramme circulaire aux chefs de postes diplomatiques. Leur réaction à la demande d’armistice. Démissions de M. Brugère et de M. Corbin. Objurgations de M. Coulondre. Réaction des territoires d’outre-mer. Mission du général Kœllz auprès du général Noguès à Alger. Télégrammes adressés par M. Peyrouton, de Tunis, et M. Puaux, de Beyrouth. Commencement de l’affaire d’Indochine. Visite de l’ambassadeur de Chine à mon cabinet. Demande du gouvernement japonais à notre ambassadeur au Japon et mission du général Nishiara à Hanoï. Télégramme du général Calroux. Son rappel. Son remplacement par l’amiral Decoux.
Chapitre V. La conclusion de l’armistice avec l’Allemagne [73]
- Réactions de l’Angleterre et des États-Unis à la demande d’armistice. Deux admonitions sévères de Roosevelt. Réaction moins rude du gouvernement britannique. La flotte française, objet principal de l’anxiété anglaise. Visites à Bordeaux de M. Alexander, de l’amiral Dudley Pound, de lord Lloyd. Départ pour Londres du général de Gaulle. Affaire du Massilia. Arrestation et remise en liberté de Mandel. Allocution radiodiffusée du général de Gaulle. Réponse allemande à la demande d’armistice. Réunion chez le maréchal Pétain pour choisir les plénipotentiaires. Projet de départ du gouvernement pour Perpignan. Bombardement aérien de Bordeaux. Inquiétude croissante des Anglais pour la flotte française. Lettre de l’ambassadeur d’Angleterre à M. Paul Baudouin. Les ministres français croient que l’Angleterre ne tardera pas à demander l'armistice. Agitation des partisans d’une volte-face politique. Conversation avec le général Weygand. Communication téléphonique du général Huntziger. Réception des conditions d’armistice. Réunion du 21 juin chez le général Weygand pour les examiner. Amendements suggérés. Clauses navales. Télégramme du maréchal Pétain à Hitler pour arrêter l’avance allemande sur Bordeaux. Conseil des ministres dans la nuit du 21 au 22. Les Allemands repoussent les demandes françaises d’amendements. Visite de l’ambassadeur d’Angleterre à mon cabinet le 22 juin. Dénouement brusqué de la négociation de Rethondes et signature de la convention. L’ambassadeur d'Angleterre et son personnel quittent Bordeaux. Première prévision d’une action navale anglaise contre la flotte française. Notre représentation diplomatique à Londres reste assurée par un chargé d’affaires, M. Roger Cambon.
Chapitre VI. Premières répercussions de l’armistice franco-allemand. Conclusion de l’armistice franco-italien. Départ de Bordeaux [94]
- Très vive réaction anglaise à la conclusion de l’armistice. Projet d’envoyer à Londres MM. Bressy et Chastenet. Visite du maréchal Pétain à M. Paul Baudouin et à moi. M. Laval entre dans le cabinet comme ministre sans portefeuille. Causes de friction entre Bordeaux et Londres. M. Churchill distingue entre la France et le gouvernement de Bordeaux. Remise au point par M. Paul Baudouin. M. Laval la trouve trop douce. Nos efforts pour aplanir les difficultés avec l’Angleterre. Initiatives britanniques en Afrique du Nord. Protestation du gouvernement français. Nous nous adressons au Canada et à l’Afrique du Sud pour modérer Londres. Accueil fait à nos instances à Ottawa et à Prétoria. Télégramme du roi d’Angleterre au président de la République. Réponse de M. Albert Lebrun. Inquiétudes aux États-Unis. Efforts pour les apaiser. Autres difficultés franco-anglaises. Conclusion de l’armistice avec l’Italie le soir du 24 juin. Journée de deuil national à Bordeaux le 25 juin. Retour à Bordeaux des plénipotentiaires français. Leur rapport au conseil des ministres. Informations rassurantes télégraphiées en Afrique du Nord et en Syrie. Restitution aux Allemands d’aviateurs prisonniers. Irritation à Londres. Recours aux bons offices des États-Unis. Entretiens de M. de Saint-Quentin avec MM. Cordel Hull et Sumner Welles les 28, 29, 30 juin. Intentions de notre appel à Washington. Apparition d’unités allemandes à Bordeaux. Le gouvernement quitte Bordeaux pour Clermont-Ferrand le 29 juin. Le ministère des Affaires étrangères à La Bourboule. Départ pour Vichy le 1er juillet.
Deuxième Partie
Vichy
Mers-el-Kébir et ses suites. Dangers courus
par l’intégrité métropolitaine et coloniale de la France
Chapitre I. Le coup de Mers-el-Kébir. La rupture diplomatique avec l’Angleterre [113]
- Arrivée à Vichy. L’hôtel du Parc. Ministères à l’hôtel. La capitale improvisée. Croyance très répandue à la défaite de l’Angleterre. Théorie selon laquelle la flotte serait garante de l’intégrité de la France. Idée de faire jouer au gouvernement du Maréchal un rôle constructif à l’intérieur. Communiqué britannique relatif à la Syrie et au Liban. Le coup de Mers-el-Kébir : 3 juillet. Nouvelles qui nous parviennent au cours de cette journée. Événements concomitants ou consécutifs qui nous sont annoncés le 4 juillet et les jours suivants : Plymouth, Portsmouth, Southampton, Alexandrie, Dakar. Lien entre ces opérations, qui répondent à un but commun. Lacune initiale dans notre information sur les termes de l’ultimatum de l’amiral Sommerville à l’amiral Gensoul. Cause de cette lacune. Raison profonde de l’action violente des Anglais : leur interprétation des clauses navales de l’armistice. Leur indifférence aux ordres secrets de sabordage éventuel, donnés par l’amiral Darlan. Impression produite à Vichy par Mers-el-Kébir. Conséquences politiques de cette impression. Immédiate protestation à Londres et communication à Washington, Ottawa, Prétoria et Sydney. Réponse écrite de lord Halifax. Tendances contradictoires à Vichy : limiter ou étendre la portée de l’événement. Conseil des ministres du 4 juillet. Décision de rompre les relations diplomatiques avec l’Angleterre. Cette décision a permis d’éviter une résolution extrême. Mise à exécution de la rupture des relations officielles. Démission de M. Roger Cambon. Gérance de M. de Castellane. Délai nécessité par le repli de l’ambassade et des missions techniques. Message du maréchal l’étain à Roosevelt. Pas de réponse écrite à ce message.
Chapitre II. Renonciation à des décisions dangereuses. Réactions étrangères au coup de Mers-el-Kébir [132]
- Mesures de représailles adoptées en même temps que la rupture diplomatique. Danger de conflit armé qu’elles présentaient. Effort pour y faire renoncer. Note de M. Basdevant au ministre. Note de nos services au ministre sur le même sujet. Renonciation à l’arraisonnement des navires anglais. Effort pour faire renoncer au bombardement de Gibraltar. Contre-ordre donné aux escadrilles d’Oran au dernier moment. Comment se sont précisées nos données sur l’ultimatum anglais de Mers-el-Kébir. Déclaration de M. Churchill aux Communes. Télégrammes de M. Roger Cambon. Télégramme circulaire de Vichy du 5 juillet. Télégramme de M. Roger Cambon transmettant le texte de l’ultimatum anglais. Première mention de l’option Antilles ou États-Unis. Multiplicité des versions de cet ultimatum. L’amiral Darlan soupçonné à tort de l’avoir tronqué intentionnellement. Atmosphère à Vichy le 6 juillet. Télégramme circulaire du 6 juillet répliquant à la déclaration de M. Churchill. Conclusion arbitraire tirée de ce télégramme, quant aux intentions de M. Paul Baudouin. Plus de doute sur la réalité de l’offre Antilles ou États-Unis. Notre télégramme à Ankara sur ce sujet. Contrecoup de Mers-el-Kébir à l’étranger. Concession spontanée des Allemands et des Italiens et suspension des clauses navales de l’armistice. Conclusions tirées de Mers-el-Kébir par les Espagnols. Langage tenu par lord Halifax à M. de Castellane. Impression produite par Mers-el-Kébir sur les Canadiens français. Dispositions serviables témoignées par le général Smuts à Prétoria. Totale approbation des États-Unis à l’action de la Grande-Bretagne. Agacement causé à Washington par nos justifications. Démarches pour obtenir des amicales intercessions à Londres. Négociation avec Washington au sujet de la force navale française stationnée à la Martinique.
Chapitre III. Efforts pour maintenir des relations officieuses avec l’Angleterre. Prodromes de la « Révolution nationale » [153]
- Recherche d’un moyen de conserver des relations officieuses avec Londres après la rupture des relations officielles. Retour à Vichy de MM. Bressy et Chastenet sans avoir pu passer en Angleterre. Ouvertures de lord Halifax en vue de renouer les relations ou même de revenir sur la rupture diplomatique. Projet de maintenir à Londres un agent officieux et choix d’un diplomate pour cette mission. Demande au Canada et à l’Afrique du Sud de renvoyer en France leurs ministres. Un conseiller d’ambassade est agréé à Londres comme agent officieux. Désignation de sir Neville Bland en la même qualité à Vichy. Retour inopiné à Vichy de notre agent officieux. Lettre de lord Halifax du 10 juillet. Conditions mises par le gouvernement français à la reprise de relations avec l’Angleterre. Réponse du gouvernement à la lettre de lord Halifax. M. Paul Baudouin persiste quand même dans l’intention de maintenir un lien officieux avec Londres. Nouveaux incidents franco-anglais. Échec de la tentative afin d’établir des relations officieuses. L’amiral Dudley Pound annonce la fin des actions navales contre notre marine. Le rapport écrit de l’amiral Gensoul sur Mers-el-Kébir arrive à Vichy. Affaires intérieures. Pouvoirs constitutionnels votés au maréchal Pétain. M. Laval vice-président du Conseil et successeur éventuel du chef de l’État. Sa position et son influence s’accroissent. Campagne de presse contre des personnalités de la IIIe République. Inconvénients à l’étranger des accusations contre elles. Ma note du 16 juillet protestant contre cette campagne. Procès politiques en perspective. Ma note du 30 juillet protestant contre les incriminations et poursuites intentées à des hommes politiques français. Tendances racistes et campagne antisémite. Ma note du 5 août protestant contre les concessions faites à l’antisémitisme et au racisme.
Chapitre IV. Hitler demande à disposer militairement de l’Afrique du Nord. Réaction contre la croyance à la défaite anglaise [170]
- Thèse selon laquelle Mers-el-Kébir aurait rendu à la France sa liberté d’action. Probabilité d’une demande allemande, en retour de la suspension des clauses navales de l’armistice. Lettre du général von Stulpnagel, apportée de Wiesbaden par le général Huntziger. Hitler réclame la disposition militaire de l’Afrique du Nord, du littoral provençal et du tonnage maritime français en Méditerranée. Le Conseil des ministres décide de refuser. Mon projet de réponse du maréchal Pétain à Hitler. Autre projet de réponse rédigé par M. Guérard. Le Conseil des ministres s’approprie ce second projet. Danger d’avoir, tout en refusant, « laissé la porte ouverte à la négociation ». Ma note du 17 juillet indique pourquoi il faudra maintenir le refus, même si Hitler maintient sa demande et insiste. M. Paul Baudouin m’engage à porter cette note au Maréchal. Mon entretien avec le maréchal Pétain. Hitler ne renouvelle pas sa demande. Valeur démonstrative du refus qui y a été opposé. Erreurs professées à Vichy, pendant l’été de 1940, sur l’invasion des îles Britanniques ; sur la vulnérabilité de l’Angleterre aux bombardements aériens ; sur l’efficacité de la guerre sous-marine contre elle. Argumentation développée, dès le 8 juillet, pour réagir contre la croyance à la défaite anglaise.
Chapitre V. La Curée. Menaces à notre intégrité territoriale [182]
- Inquiétude causée par l’éventualité d’une paix germano-anglaise. Discours de Hitler faisant une offre de paix à l’Angleterre. Ma note du 20 juillet à ce sujet. Accueil fait à cette note par le maréchal Pétain. Renseignements qui nous parviennent sur les conditions de paix réservées à la France par l’Allemagne et l’Italie. Démembrement territorial probable au profit de l’Allemagne à l’Est et au Nord. Les revendications italiennes au sud-est, en Méditerranée, en mer Rouge. Conclusions à tirer des intentions pillardes de Hitler et de Mussolini. Ma note du 26 juillet. Menaces connues de nous contre l’intégrité de notre empire colonial. Récapitulation de ces menaces. Colonies de l’hémisphère occidental : Antilles et Guyane. Afrique du Nord : Tunisie, Maroc, Algérie. Extrême-Orient : Indochine. Afrique orientale : Djibouti. Afrique équatoriale, Congo, Tchad, Cameroun. Afrique occidentale, Togo. États du Levant, Syrie et Liban. Ma note du 22 juillet à ce sujet. L’empire, encore intact, partout guetté comme une proie.
Chapitre VI. Symptômes d’évolution des rapports internationaux. L’Allemagne et Vichy Berlin et Moscou. Londres et Washington Vichy et Moscou [197]
- La situation internationale évoluera-t-elle et en quel sens ? Acharnement de la presse allemande contre la France. Activité de la diplomatie du Reich dans des pays où elle donne ombrage à la Russie. Informations envoyées par notre ambassadeur à Moscou sur les rapports germano-russes. Animosité croissante des Allemands contre les États-Unis et personnellement contre Roosevelt. Note du 24 juillet au ministre lui faisant prévoir que les États-Unis et la Russie participeront à la guerre dans le camp britannique. Conclusions à tirer des opérations militaires quant aux chances allemandes d’envahir l’Angleterre, de l’écraser sous les bombes ou de l’étouffer par le blocus sous-marin. Raisons psychologiques des erreurs de Vichy sur ces points. Sévérité injuste envers nous-mêmes. Excès des mea culpa. Politique extérieure prônée par M. Laval. Elle est axée sur la victoire finale des Allemands et la collaboration avec eux. Nos renseignements de Washington nous confirment que les États-Unis font cause commune avec l’Angleterre. Nos renseignements de Moscou nous confirment que la Russie se défie de plus en plus de l’Allemagne. Synthèse des prévisions plausibles le 20 août. Nos sentiments envers les États-Unis. Ouverture faite par nous à Moscou. Demande d’un ambassadeur soviétique à Vichy. Tentative de conversation politique. Nomination de M. Bogomoloff. Visite de M. Ivanoff à mon cabinet. Nouveaux efforts pour causer avec Londres par diverses voies, notamment par Madrid. Efforts pour contrecarrer les visées ennemies sur nos départements menacés. Instructions aux préfets de la Corse et des Alpes-Maritimes.
Chapitre VII. Défense du « statut quo » en Tunisie. Négociation dilatoire avec l’Espagne sur le Maroc [220]
- Envoi d’instructions à l’amiral Esteva, résident général à Tunis. Maintien de la position française en Tunisie Espagne et Afrique du Nord. Protestations contre des manifestations antifrançaises de la radio et de la presse espagnoles. Revendication espagnole au Maroc présentée par voie diplomatique. Instruction du colonel Beigbeder à M. de Lequerica le 17 juin. Communication du même à M. de la Baume le 21 juin. Démarche de M. de Lequerica. Énergique réaction du général Noguès. Attitude adoptée par le gouvernement français. Le général Noguès consulté sur une transaction qui excluait la cession des Beni-Snassen et admettait en principe celle des Beni-Zéroual. Objections réitérées du général Noguès. Insistance du gouvernement espagnol. Embarras du gouvernement français. Précautions et réserves dont sera entourée une négociation avec Madrid. Continuation du dialogue entre Vichy et Rabat. Projet d’accord du 31 juillet. Visite à Vichy du général Noguès. Note sur les entretiens avec lui. Troublantes nouvelles d’Espagne et du Rif. Projet d’accord du 26 août et note au ministre commentant ce projet. Instructions données par le ministre le 29 août. Note du 30 août au ministre. Télégramme du 31 août au général Noguès. Réponse temporisatrice de Rabat. Les trois notes des 9 et 10 septembre, au ministre. Annonce d’une visite de M. Serrano Suñer à Berlin et commentaires italiens à cette nouvelle. La non-belligérance de l’Espagne mise en question. Prévisions rassurantes venues du Portugal. M. Serrano Suñer à Paris. Déclaration du colonel Beigbeder à M. de la Baume. Visite du grand vizir du Maroc à Vichy. M. Serrano Suñer à Berlin. Communiqué sur ses entrevues avec Hitler et Ribbentrop. Forte émotion à Vichy. Instructions du 29 septembre à M. de la Baume. Retour de M. Serrano Suñer à Madrid. Le gouvernement espagnol laisse tomber la proposition française de concession territoriale au Maroc. Raisons de cette attitude négative. M. Serrano Suñer remplace le colonel Beigbeder aux Affaires étrangères. Entrevue de Hitler avec le général Franco à Irun. Déclaration du 26 octobre de M. Serrano Suñer à M. de la Baume.
Chapitre VIII. Négociations avec le Japon sur l’Indochine et conflit avec le Siam [240]
- Référence au début de l’affaire d’Indochine, pendant le séjour du gouvernement à Bordeaux. Le gouvernement évoque à lui la négociation avec le Japon. Communication de M. Matsuoka à M. Arsène-Henry. Note remise au ministre le 3 août par le sous-directeur d’Asie. Ligne de conduite adoptée par le gouvernement. Enquête auprès des États-Unis. Réponse de Washington. Conclusion qu’en tire, le gouvernement. Insistance de M. Matsuoka auprès de M. Arsène-Henry. Les prétentions japonaises s’accroissent. Instructions du gouvernement à notre ambassadeur au Japon. Impatience et mauvaise humeur de M. Matsuoka. Nouvelles instructions à M. Arsène-Henry pour la négociation politique engagée à Tokyo. Concours diplomatique demandé aux États-Unis. Réponse de Washington. Développement de la négociation politique à Tokyo et à Vichy. Signature le 29 août de l’accord politique franco-japonais. Répugnance du gouvernement japonais à le publier intégralement. Réaction des États-Unis. Réaction de la Chine. Visites de l’ambassadeur de Chine à mon cabinet. Négociation militaire à Hanoï. L’amiral Decoux aux prises avec le général Nishiara. Menaces de l’armée de Canton. Signature à Hanoï de la convention militaire du 22 septembre. Hostilités franco-japonaises au Tonkin et difficultés à faire rétrograder les forces nippones. Déclarations de M. Paul Baudouin à la presse, commentant les accords de Tokyo et d’Hanoï. Reproches des États-Unis. Revendications territoriales siamoises et conflit avec le Siam. Recours à l’assistance diplomatique des États-Unis et de l’Angleterre. Ferme attitude du gouvernement français à l’égard du Siam. Jugement d’ensemble sur les affaires d’Extrême-Orient de juin à novembre 1940.
Chapitre IX. Soucis pour la Syrie et le Liban. Négociation avec les États-Unis sur les colonies d’Amérique [267]
- Craintes pour la Syrie et le Liban. Contacts avec la Turquie pour y préserver le statu quo et y déjouer éventuellement des visées italiennes. Caractère très différent des dangers à écarter de nos colonies d’Amérique. Les États-Unis en craignent le transfert à l’Allemagne. Éventualité d’un trusteeship panaméricain. Conférence panaméricaine de La Havane. Note française remise le 24 juillet à M. Murphy. Mon entretien avec lui à ce sujet. Conversations entre M. de Saint-Quentin et M. Sumner Welles à Washington. Nos démarches auprès des ambassadeurs du Brésil et d’Argentine. Acte final de la conférence de La Havane. Déclaration de M. Sumner Welles. Note française aux États-Unis sur la décision de la conférence panaméricaine. Réponse du gouvernement américain. Apaisements donnés à M. de Saint-Quentin par Roosevelt le 4 septembre. Mission du gouverneur général Carde. Question des avions du Béarn. Faux bruit de fortifications à la Martinique. Réveil de méfiance aux États-Unis. Suggestion faite par le président Roosevelt pour dissiper les soupçons. Le gouvernement français y adhéré. Modus vivendi conclu entre l’amiral Greenslade et l’amiral Robert à Fort-de-France.
Troisième Partie
Vichy :
L’Afrique équatoriale française se sépare de Vichy
L’incident de Dakar. Efforts d’accommodement entre Vichy et Londres
Les entretiens de Montoire
Chapitre I. Le joug allemand s’alourdit [281]
- L’occupation allemande de jour en jour plus oppressive. Violations d’armistice. L’annexion de fait de l’Alsace-Lorraine. Nos départements du nord rattachés au gouvernement général de Belgique. Réactions contradictoires à Vichy. Celle des Affaires étrangères : protester. Celle de M. Laval : amadouer l’Allemagne en se portant vers elle. Faux réalisme de celle seconde tendance. Ma note du 4 août au ministre sur les violations d’armistice. M. Laval chargé personnellement des relations avec les Allemands. Ses voyages à Paris. Démission de M. Léon Noël, délégué général du gouvernement à Paris. Mésintelligence entre M. Laval et le général de La Laurencie, successeur de M. Léon Noël. J’ignore tout des pourparlers entre M. Laval et les autorités d’occupation. Question du transfert du gouvernement à Paris et du Maréchal à Versailles. Ma note du 21 juillet sur la perplexité causée par ce projet aux chefs de mission diplomatique auprès de nous. Antipathie du général Weygand pour M. Laval. Unique entrevue de M. Paul Baudouin avec Abetz. Ma note du 14 août au ministre sur les griefs que l’Allemagne nous donne contre elle-même comme à plaisir. L’Allemagne exige que nous mettions fin à la mission du chargé d’affaires de Pologne. Note du 12 août au ministre déniant toute justification à cette exigence. Le gouvernement obligé de s’y soumettre. L’Allemagne lui impose la même mesure contre les représentants de la Belgique, de la Hollande, du Luxembourg et de la Norvège. Réactions de leurs gouvernements réfugiés à Londres. Lettres de sympathie que j’adresse aux diplomates ainsi congédiés. Arrestation dans le midi de la France de deux Allemands que notre ministère de l’intérieur n’avait pas osé laisser partir. Fixation du montant de l’exorbitante indemnité d’occupation. Virulence de la presse italienne contre la France. Vaine tentative française pour ramener le gouvernement fasciste à des dispositions plus humaines. Conclusion à tirer de l’échec de cette tentative.
Chapitre II. L’alerte de fin août La protestation. Contre l’annexion de fait de l’Alsace-Lorraine [298]
- Irritation causée à Vichy par un discours de M. Churchill. Réplique de M. Paul Baudouin, le 22 août. Mon entretien avec lui avant qu’il la prononce. Impression fâcheuse produite par sa réplique. Ma note du 23 août au ministre sur les inconvénients des concessions au courant d’anglophobie. Émotion et excitation régnant à Vichy dans les derniers jours d’août. Visite de M. Laval au quartier général allemand de Fontainebleau et son offre au maréchal von Brauchitsch. Nouvelles d’Afrique-Équatoriale française. Agitation au sein du cabinet. M. Laval reparle de guerre à l’Angleterre. Objections de bon sens contre cette énormité. M. Paul Baudouin fait poser des questions précises à l’amiral Auphan. Celui-ci répond en signalant les impossibilités matérielles qui s’opposent à des hostilités franco-anglaises. L’alerte passe ; efforts de nos services pour déterminer une protestation du gouvernement contre l’annexion de fait de l’Alsace-Lorraine. Ma note du 13 août au ministre demandant que le gouvernement protestât. Protestation solennelle et motivée, rédigée dans nos services entre le 29 et le 31 août. M. Paul Baudouin la fait adopter par le Conseil des ministres. Remise de ce document le 2 septembre par le général Huntziger au général von Stulpnagel à Wiesbaden. Tension croissante entre le général Weygand et M. Laval. Le général Weygand éliminé du cabinet et remplacé à la Défense nationale par le général Huntziger. M. Laval reçoit le portefeuille de l’information. Le général Weygand nommé délégué général en Afrique. Ma visite chez lui avant son départ de Vichy.
Chapitre III. L’affaire de Dakar. Échec à une tentative allemande pour envoyer une mission en Afrique occidentale française [311]
- Les négociations avec les Allemands. Redoublement des vexations allemandes contre les Français. Mes notes au ministre les signalent. Les expulsions en masse de Lorrains. Attitude du gouvernement français en face de ces excès. Contraste entre sa patience envers les Allemands et la sévérité de la presse française envers les fautes politiques des Français. Ma note du 8 septembre 1940 au ministre demandant qu’on en finisse avec les examens de conscience et qu’on rompe le silence sur nos griefs contre l’Allemagne. Mutations diplomatiques. Rappels ou déplacements d’ambassadeurs. Ma note du 2 août demandant au ministre des promotions pour eux dans la Légion d’honneur. Tendance lavaliste à souhaiter que la neutralité américaine se stabilise. Nouvelle de l’embarquement du général de Gaulle à Londres pour une destination inconnue. Télégramme de M. Paul Baudouin au général Noguès. Intercession du Portugal à Londres pour prévenir de nouveaux incidents franco-anglais. Tentative anglo-gaulliste de débarquement à Dakar. Suites de cet incident. Bombardement de Gibraltar. Ma note du 25 septembre au ministre pour obtenir qu’il ne soit pas renouvelé. Tentative des Allemands pour envoyer à Dakar une mission soi-disant économique. Nous y mettons opposition matérielle. Les Allemands y renoncent.
Chapitre IV. La conversation franco-anglaise de Madrid [338]
- Dispositions réelles de Mussolini à l’égard de la France. Les actes de Hitler continuent à démentir l’illusion de pouvoir le fléchir. Nouveaux efforts français à Washington, Ottawa et Pretoria pour éviter le retour d’incidents comme celui de Dakar. Utilisation de Dublin et de Lisbonne pour tenter de chapitrer les Anglais. Négociation franco-anglaise par l’entremise des ambassadeurs de France et d’Angleterre à Madrid. Conversations entre M. de la Baume et sir Samuel Hoare. Mémorandum de lord Halifax du 5 octobre. Accueil du gouvernement français à ce document. Sa réponse du 12 octobre. M. de la Baume poursuit ses entretiens avec sir Samuel Hoare. Ils laissent espérer un accommodement sur des bases qui se sont précisées. La nouvelle de l’entrevue de Montoire coupe court à cette possibilité de modus vivendi. Visite de M. Louis Rougier à mon cabinet.
Chapitre V. Les deux entrevues de Montoire [357]
- Le message du Maréchal du 16 octobre. Demande d’explications du chargé d’affaires des États-Unis. Mon entretien avec M. Matthews et ma note au ministre à ce sujet. Échange de télégrammes avec notre ambassadeur à Washington. Ma note du 14 octobre tente de définir une politique extérieure française établie sur des données qui ne consistent pas exclusivement dans la défaite et l’occupation. Conversation avec le Maréchal quand je la lui porte. Je suis chargé de préparer un projet de lettre du Maréchal à Hitler. Ce projet est abandonné presque aussitôt. Départ de Laval pour la zone occupée. Comment j’apprends la nouvelle de son entrevue avec Hitler. Communiqué officiel. Je me démets de mes fonctions et demande ma mise en disponibilité. Je prends congé de M. Paul Baudouin, du Maréchal, de M. Laval. Ma note au personnel des services. Télégramme du roi d’Angleterre et message de Roosevelt au Maréchal. Efforts pour hâter la réponse du Maréchal à ces deux communications. Effet des deux entrevues de Montoire à Washington, au Canada, en Irlande, en Tunisie. Télégramme au général Weygand à Alger. Mon départ de Vichy.
Épilogue [384]
- Ma mise à la retraite (18 juin 1942). Débarquement anglo-américain en Afrique du Nord (Novembre 1942) Le Maréchal nous fait demander nos conseils, à M. Léon Noël et à moi (mai-juin-juillet 1943). Avis que nous lui faisons transmettre. Mes deux notes du 25 mai 1943. Ma note du 20 juillet 1943. Le Maréchal nous fait remettre, à M. Léon Noël et à moi, une délégation éventuelle de ses pouvoirs. Je la décline par lettre au Maréchal du 22 septembre 1943.
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